La Pologne qui vient d’organiser
les cérémonies relatives à la libération du camp de concentration d’Auschwitz a
énormément entaché la dimension historique et commémorative en n’invitant pas
le Président de la Fédération de Russie. Le prétexte avancé par Varsovie était
que ce camp avait été délivré par la Ière armée du Front ukrainien et non,
selon ce gouvernement, par les Soviétiques redevenus, depuis, Russes. En
matière d’interprétation historique la Pologne a fait un grand pas dans le déni
et la médiocrité sur le dos du martyr, soit dit en passant, de milliers de
juifs. Le conflit en Ukraine s’est donc transporté jusque dans un camp de l’abomination
et au lieu de se placer sur l’évidente hauteur de l’Histoire et des mémoires,
un petit gouvernement sans caractère a fait le choix que l’on sait… Rappelons
tout de même que l’appellation Ière armée du Front ukrainien n’a pas de
caractère ethnique et que, bien évidemment, se trouvait dans celle-ci des
hommes issus de l’ensemble de l’Union soviétique…Mettre en avant l’Ukraine
actuelle où les néo-nazis non seulement jouèrent un rôle important dès 1941
(idem dans les pays Baltes) mais aussi lors des manifestations de Maïdan qui
renversèrent le prédécesseur de Porochenko, est pathétique. Rappelons également
au sujet de l’Ukraine qu’en 1918 et en 1945, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et
la Pologne refusèrent de lui reconnaître la qualité de nation…..Le Pologne a
certes payé le prix fort pendant la seconde guerre mondiale, elle fut cette « terre
de sang » (Timothy Snyder) mais est-elle, aujourd’hui, en droit et pour
des raisons strictement actuelles de dénier à la Russie la moindre action dans
la chute de l’Allemagne nazie ? L’URSS a perdu, je crois, vingt millions d’êtres
humains : ils ne vécurent donc jamais ?
Aucun gouvernement convié aux
commémorations n’a paru s’étonné de l’exclusion de la Russie : de l’Allemagne
à la France en passant par les Etats-Unis : un silence total ! Pas un
historien ne s’est exprimé et idem pour les différentes organisations
communautaires. C’est donc une complicité générale qui aboutit, aujourd’hui, à
une révision de faits historiques. Et c’est cette Europe qui entend donner des
leçons au monde sur les principes ? Nous sommes véritablement dans une
époque très basse, très superficielle qui fait peu de cas des crimes et de la
souffrance entière des survivants. Quel est donc, désormais, le sens, de tous
les discours officiels sur l’air du « plus jamais ça » ? Quand
un gouvernement et des Etats abdiquent l’idée de se dépasser afin de rappeler
aux hommes d’aujourd’hui ce qui s’est fait et sur ce qui ne devra plus
survenir, ne lasse-t-on pas les portes ouvertes à bien des extrémismes et des fanatismes ?
Jean Vinatier
Copyright©SERIATIM
2015
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