« En mars 2014 déjà, l’ancien chancelier
social-démocrate allemand Helmut Schmidt avait évoqué sans détours la
dégradation des rapports est-ouest autour de l’Ukraine : « L’Europe, les
Américains et les Russes se comportent exactement comme (…) au début de la
Première guerre mondiale des somnambules (…). Je ne suis pas partisan d’évoquer
une troisième guerre mondiale et encore moins les demandes de budget
supplémentaire pour équiper l’OTAN. Mais le risque que la situation
s’aggrave, comme en août 1914, augmente de jour en jour » (1). Presque
un an plus tard, et malgré l’accord dit de Minsk 2 signé en février 2015 (2),
l’affrontement dénoncé se poursuit, même si le cessez-le-feu semble globalement
respecté sur le terrain dans l’est de l’Ukraine.
Si l’on écarte les extravagances insensées de la propagande et les
gesticulations belliqueuses des uns et des autres – mensonges, rumeurs
invérifiables, dont la dernière a été la mort de Vladimir Poutine (sic) –
destinée aux opinions publiques, comment peut-on expliquer ce regain de tension
? Une tension qui déséquilibre les rapports entre alliés de l’OTAN (3),
provoque des ruptures en Europe entre partisans d’un apaisement avec la Russie
(Allemagne, Espagne, France, Italie…) et «faucons» du nord de l’Europe
(Pologne, pays Baltes…), partage le gouvernement américain en factions
opposées, isole le président Obama et déprécie sa parole, creuse les différents
entre l’Europe et les Etats-Unis, atteint l’Asie elle même (4), stimule un
rapprochement entre la Chine et la Russie. Une tension qui bouleverse, de fait,
l’équilibre instauré à Yalta après la deuxième guerre mondiale. L’anniversaire
de la Conférence de Yalta, qui a réuni les vainqueurs de l’Allemagne nazie le 4
février 2015, n’a pas été particulièrement célébré. La chancelière allemande ne
sera pas présente le 9 mai prochain à la célébration russe de la victoire de
1945. Le président russe n’a pas été invité au G7 qui se tiendra en Bavière au
moi de juin.
Il faut bien constater, confiait l’historien russe Andrei Foursov le 4
février dernier au journal Svobodnaia Pressa (5), l’érosion
du « monde de Yalta ». Le site russe Russie sujet géopolitique, qui
donne en français un extrait de cet entretien, résumait : « Le 4
février 2015 correspond au 70e anniversaire de l’ouverture de la Conférence de
Yalta. Au cours de celle-ci, trois grandes puissances de l’époque, vainqueurs
de la deuxième guerre mondiale, l’URSS, les États-Unis et la Grande Bretagne
convinrent des principes de base d’une nouvelle architecture mondiale. En 1989,
avec la destruction du mur de Berlin et la réunion des Allemagne, commença
l’érosion du «monde de Yalta». Celle-ci se prolongea jusqu’à la chute de l’URSS
et de la Yougoslavie ». L’explosion de l’URSS et son effondrement, avec la
perte de son empire (républiques d’Asie centrale et du Caucase, pays d’Europe
de l’Est) date de 1991. Le 15 janvier 1992, la Slovénie, la Croatie, la
Bosnie-Herzégovine et la Macédoine se séparaient, provoquant l’explosion de la
Yougoslavie. Le mur de Berlin s’effondrait le 9 novembre 1989, ouvrant le
processus de réunification de l’Allemagne, effective le 3 octobre 1990.
[….]La suite ci-dessous :
https://groups.google.com/forum/#!topic/lettre-de-mme-nouaille/d27SD0YPBQU
Jean Vinatier
SERIATIM
2015
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