Rarement,
nous vîmes une soirée électorale aussi embourbée dans les chiffres et les
projections : instituts et médias ont-ils été pris la main dans le
sac ? Les électeurs qui boudèrent ce premier tour devront se faire une
grande violence pour se déplacer au second le dimanche 29.
Une
fois dissipé le brouillard, le champ de bataille laisse clairement émerger un
Front national confortant son maillage électoral jusque dans les cantons les
plus reculés quand les deux grands partis, tous en coalition, peinent à sauver
la face : leurs gibecières sont vides.
Tout
cela, pour cela ? Quand on pense aux semaines et aux derniers jours
pendant lesquels les citoyens subirent les foudres de Manuel Valls qui
s’époumonaient à déverser sa bile envers le Front national oubliant, sciemment
que François Mitterrand avait été le grand initiateur de sa résurgence qu’il
eut soin de masquer par un SOS Racisme festif. Il omettait de dire ainsi que ce
Front si dénoncé et dévêtu de tout habit républicain était, tout de même, un
ingrédient indispensable pour tenir le pouvoir et affaiblir l’UMP.
Cependant,
le résultat de ce soir et plus encore s’il se confirme dimanche prochain, laissera
apparaître le grain de sable, c’est-à-dire le citoyen. Jusqu’alors l’électeur
était ramené dans le troupeau avec s’il le fallait quelques taloches et même s’il
s’entêtait, une admonestation ; désormais, la coupe semble pleine. Le
Front National (mais cela aurait pu être le cas du Front de Gauche) est
incontournable tant pour l’UMP que pour le PS : s’il ne devait être qu’un
bilboquet pour agrémenter les salons et les boudoirs, c’est raté. Le jouet est
maintenant une arme assez redoutable celle du contre-pouvoir qui, au vu de l’état
politique français, s’avérera une position hautement stratégique.
Si
Manuel Valls nous a imposé un énième numéro de « Soupaloignon y Crouton »,
Nicolas Sarkozy s’est efforcé de rester modeste les deux repoussant la blonde sans que leur base
respective n’y adhère comme auparavant.
D’ici
quelques décennies les historiens s’interrogeront sur le pourquoi de tout ce
tintouin autour d’une élection départementale sauf s’ils n’omettent pas de
noter et de souligner l’ombre déjà grande du futur traité transatlantique dont les
termes et les enjeux incitèrent, alors, les ténors politiques français à
démesurer l’enjeu dramatique afin de tenir « ce putain de peuple »,
cette « chienne de nation » qui ne veut décidément pas crever. Avec
les remontées en Europe des identités, locales, communautaires, nationales, religieuses,
linguistiques, le simple fait de savoir la France trépignante agace lobbies, Fed
et OTAN tous ayant les yeux rivés sur l’annihilation de la Russie et de la
Chine.
Les
élections départementales sont locales mais tout étant interconnecté, le local
a des résonnances longues. Les politiques français d’aujourd’hui n’ont plus la
moindre pensée autonome. Ils acceptent de n’être plus que des marionnettes,
heureux d’être tenus par de multiples fils invisibles leur laissant l’illusion
du texte et du geste…..
Jean Vinatier
SERIATIM 2015
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