« […]
Édouard Snowden est en Russie et
ces révélations servent objectivement les adversaires des États-Unis. N'est-ce
pas tout simplement de la géopolitique?
Le premier fait marquant de l'histoire Snowden, c'est que des pays qui se
disent attachés à la liberté d'expression et indépendants n'ont pas souhaité
l'accueillir, voire se sont alignés sur l'ordre américain visant à le déférer à
la justice américaine. Il n'y a pas de quoi être fiers, quand on est Français,
et qu'on a été l'un des champions des non-alignés! Nous sommes rentrés dans le
rang ; triste résultat de deux présidences d'intérim, avant de retrouver un
Président capable de dire «non!».
Le second fait, c'est que Snowden a révélé un système de pouvoir réellement
impérial, qui tend à assurer de fait un empire mondial américain. Nous sommes
face au premier nationalisme global. Le point crucial est l'association
manifeste d'une surpuissance militaire, d'une surpuissance d'entreprise, et
d'un universalisme provincial - une province du monde se prend pour le monde et
veut imposer partout son droit, ses normes, ses règles, ses principes, en
recrutant partout des complices. Ajoutons que l'affaire des écoutes, celle de
la livraison des frégates «Mistral», comme celle des sanctions contre la Russie,
éclairent la subordination absolue de ceux que les États-Unis nomment alliés,
alors qu'ils les traitent comme des pions ; est-ce la manifestation de la
stratégie du «leading from behind» annoncée par Barack Obama dans un célèbre
discours à West Point?
Le troisième fait est au cœur
de mon livre, Le Mur de l'Ouest n'est pas tombé. Les États-Unis
attendent la guerre, ils ont besoin de la guerre extérieure qui seule, va les
faire sortir de la crise sans fin où l'hyperfinance les a plongé. Seul, un
conflit extérieur les fera sortir du conflit intérieur qui monte. D'où la
rhétorique de la menace, du terrorisme, de la Nation en danger, qui manipule
l'opinion intérieure et qui assure seule l'injustifiable pouvoir de
l'hyperfinance sur une Amérique en voie de sous-développement.
[….]
La suite ci-dessous :
Jean Vinatier
SERIATIM 2015