La
semaine dernière, ce n’était que grand bruit de l’arrestation de quelques
dirigeants de la FIFA à la demande du FBI. La nouvelle procureure générale
américaine indiquait bien que cette opération n’était qu’un début le tout à
quelques jours de l’élection du dirigeant de la FIFA. Le jour même de la désignation
du nouveau président, une alerte à la bombe entraînait l’évacuation de la salle
sans changer l’issue du scrutin à savoir la reconduction presque triomphale du
Suisse Sepp Blatter. Les représentants d’Asie, d’Afrique et de l’Amérique
latine votèrent en masse pour ce dernier, laissant aux euro-américains le soin
de soutenir un hachémite cousin de l’actuel souverain de Jordanie lequel s’inclina
très tôt !
On
aurait pu croire le dossier clôt, Washington reconnaissant son fiasco dans sa
tentative de faire modifier non pas l’échéancier mais les lieux des coupes du
monde, Russie et Qatar. C’était sans compter sur Londres qui propose, ce jour,
de mettre en place une FIFA euro-américaine avec en sus le Japon qui ne cesse
pas de dire son alliance avec l’espoir de la prépotence retrouvée.
Les
manifestations sportives n’échapperont donc pas aux calculs géopolitiques,
géostratégiques, financiers. L’exemple de ce qui est intervenu à la FIFA le
prouve avec abondance. C’est un pas supplémentaire de franchi avec la mise au
centre des cirques. Pas un secteur, pas une niche n’échapperont aux ambitions
de telle ou telle puissance. Les Etats-Unis et l’Union européenne faisant état,
une fois de plus, d’un alignement où seule une capitale ou deux avec Londres
inspire l’attitude des 28 autres. Et pourquoi ? Contrer la Russie,
intimider la Chine, impressionner l’Inde, tétaniser l’Afrique et même ravaler
le Qatar, pourtant pourvoyeur bien vu de l’Occident, d’extrémistes islamistes,
au rang de petite géographie. En face, tout a été bien saisi et deviné :
aussi cet accord de vote en faveur de Sepp Blatter, corrompu ou pas, est la réponse,
tout d’abord, du berger à la bergère.
Le
football étant le sport le plus populaire à l’échelle de la planète, il est,
désormais capital, de s’emparer de l’enthousiasme et de la colère des foules
pour les conditionner et les amener ici et là par d’intenses campagnes de
marketing stratégique. Les joueurs et les foules ne sont plus que des pions,
les premiers couverts d’or, les secondes acculées aux dépenses les plus
malséantes et aux furies les accompagnants.
Le
sport cesse donc, il ne manque plus que Daesh pour tenir le rôle du terroriste alors
même que les publics ne seront plus que des barbares…..et laissons le dernier mot
à Tertullien, extrait de Contre les spectacles (De spectaculis)
«[….] Puisque nous en sommes sur
les lieux, prévenons ici une demande. Quoi donc, me direz-vous, si je visitais
le Cirque hors du temps des spectacles, courrais-je le risque |401
de m'y souiller? — Les lieux ne sont point interdits en eux-mêmes: un
serviteur de Dieu peut aller sans péril non-seulement aux endroits où l'on
s'assemble pour ces représentations, mais encore aux temples païens, pourvu
qu'il ait une raison légitime, indépendante des fonctions ou des propriétés de
ce lieu. D'ailleurs, les rues, les places publiques, les bains, les
hôtelleries, nos maisons même, ne sont-elles pas peuplées d'idoles? Satan et
ses anges ont rempli le monde. Mais, pour demeurer encore dans le monde, nous
n'avons point perdu Dieu: on le perd en participant aux crimes du monde.
Pontife, ou simple adorateur, je monte au Capitole, ou bien au temple du dieu
Sérapis; c'est alors que je perds Dieu, de même que si je vais au Cirque ou au
théâtre pour en contempler les spectacles. La souillure ne vient pas des lieux
proprement dits; elle vient de ce qui se passe dans ces lieux, de ce qui
souille les lieux mêmes, ainsi que je l'ai démontré: la corruption communique
la corruption. Nous rappelons à quelles divinités sont consacrés ces lieux,
afin de mieux établir que tout ce qui s'y fait appartient spécialement aux
divinités qui y président.
[….]»
Jean Vinatier
Copyright©SERIATIM
2015
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