Juillet serait-il le mois de l’émancipation :
4 juillet 1776, 14 juillet 1789, 5 juillet 2015 ?
Alexis Tsipras a pris tout le
monde par surprise en appelant le peuple Grec à se prononcer par référendum sur
les dernières propositions de l’Eurogroupe. Si le référendum ne porte pas sur
l’euro, il est bien évident que les oppositions (en Grèce, en Europe, au FMI)
martèleront comme un seul homme qu’il s’agit bel et bien de sa félicité. D’ici
le 5 juillet, chaque journée sera caniculaire. L’entrée de la politique sur un
sujet que Bruxelles et le FMI désespéraient de cantonner à la seule rigueur
comptable, les fait éructer.
Jean-Claude Junker a dit qu’un
vote populaire ne pourrait jamais aller contre les traités européens : les
Français, Hollandais, Irlandais en savent quelque chose. Mais jusqu’à présent
Bruxelles trouvait des dirigeants suffisamment corrompus (Sarkozy) pour jouer
le rôle du méchant face à leur propre peuple. Avec Alexis Tsipras, le scénario
s’arrête.
Nous arrivons à cette situation
parce que l’Allemagne, Bruxelles et le FMI ne surent qu’abasourdir les
négociateurs grecs arrivés devant eux au lendemain de leur victoire électorale.
La France n’a joué aucun rôle sauf à minauder devant Angela Merkel. François Hollande
tout occupé à peaufiner le14 juillet qu’il veut placer en suite de la
manifestation officielle du 11 janvier, risque bien d’avoir une sacré gueule de
bois le 6 juillet au matin….
Pour l’heure, il est de bon ton
de cataloguer les combinaisons sur lesquelles Alexis Tsipras écrirait sa
partition après le 5 juillet en oubliant le sommet des BRICS à Oufa, en Russie,
les 9/10 juillet. L’Eurogroupe, en excluant le ministre des finances de Grèce
et en ignorant l’événement eurasien, affiche le plus parfait aveuglement. Si le
« Oui » l’emportait entraînant la démission de Tsipras et de nouvelles
élections avec, peut-être, son retour, Bruxelles serait toujours dans l’impasse.
Regardons-bien les choses en face, Bruxelles ne maitrise plus le calendrier
géopolitique, celui du temps, ce qu’Athènes, en dépit de tous les sarcasmes
répandus par nos médias, n’a jamais négligé. Le rapprochement avec la Russie en
est un : le contrat gazier. Il ne manquerait plus qu’une déclaration
commune d’intention sino-russe ou bien des BRICS, assurant à la Grèce un avenir monétaire et commercial
dans un cadre différent…..
Bruxelles n’a jamais accepté le
choix des électeurs grecs en janvier dernier, n’a pas digéré que Tsipras applique
son programme : en un mot il n’était pas bien-pensant comme François Hollande,
qui renia tout. Sans gêne aucune, Junker et Moscovici (socialiste ?)
ont reçu ouvertement les partis opposés à Syriza et à l’ANEL : il leur
faudra faire vite pour organiser un « il pleut sur Santiago » (nom de
code pour le coup d’Etat au Chili en 1973), rédiger un nouveau projet d’accord
d’ici mardi mais sans paraître céder sur le fond, le tout reposant sur une
communication stratégique et perfide.
Le FMI ne se démarque pas
officiellement de Bruxelles mais Christine Lagarde prépare sa campagne pour un
second mandat et, de toute évidence, ne peut ni ne pourra sauver, à la fois, le
dollar et l’euro. La victoire du « NON » l’obligerait à abattre plus
vite ses cartes en faveur du billet vert sachant les décisions qui seraient
prises à Oufa, l’installation des institutions financières des BRICS affichant
les convergences, russe, chinoise et indienne. Quant à l’Europe plus naine qu’une
naine politique, elle a les yeux rivés sur des livres de la dette, ne s’occupant
qu’à s’assurer le service des huissiers et autres aide-chicane : la zone
euro de l’Union européenne en est là ignorant que la régulation
migratoire tient de moins en moins : d’ici à ce que les vacanciers de
Ramatuelle voient surgir des cargos au lieu des yachts…..
Bravo pour le geste gaullien d’Alexis
Tsipras, la flamme s’est ranimée……
Jean Vinatier
SERIATIM 2015
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