Alors que l’Eurogroupe se
réunissait aujourd’hui pour traiter, sans l’avouer, du devenir de la question
grecque, le Premier ministre Tsipras se rendait en grand cortège à Moscou où il
rencontrera demain les représentants des BRICS. Tout un symbole !
Par la voix de Mme Lagarde, les
créanciers, nous rapportent la presse, « remettent les pendules à l’heure »
oubliant, un peu vite, que la Grèce a tout son temps assurée d’avoir le soutien
des BRICS. Athènes, selon sa manière remet les pendules à l’heure : l’horlogerie
prendrait-elle le pas sur les humeurs humaines ? Du côté des Euro-FMI, les
aiguilles sont brandies ; de son côté, le Parlement grec auditionne afin
de qualifier leur dette, notamment, dans son historique et sa gestion. Il a été
très éclairant d’entendre l’ancien conseiller économique de Manuel Barroso
affirmer que l’aide versée à la Grèce n’était pas destinée à la nation mais aux
banques, allemandes et françaises, trop exposées. C’est un aveu de taille. Il
souligne exactement comment fonctionne l’octroi des aides monétaires du FMI, de
l’Europe : la banque est la cheville ouvrière d’un bout à l’autre, entre
les deux ne compterait que la soif inextinguible de profit, la cupidité jamais
étanchée et quand de noirs nuages devancent les grondements, tout serait
entrepris pour la « sauver »…..Ainsi le capitalisme financiarisé, à
son tour financiarisé des nations entières….
Quel que soit l’avis à avoir sur
l’état de la Grèce avec toute la corruption et les passe-droits qui y sévissent
depuis si longtemps, tout citoyen doté du bons sens ne peut qu’agréer la
résolution de l’actuel gouvernement grec. Athènes nous rappelle qu’une cité, si
elle est un espace marchand est, d’abord, le lieu de la politique, de la souveraineté,
de l’identité. L’actuelle Union européenne à force de se dire « Espace »,
de plaider pour des extensions frontalières qui poussées sans cesse les
abolissent, ne laissant que des nations hors sol. Alexis Tsipras réintroduit l’élément
politique au sens strict, celui qui est précisément maudit.
La rencontre de vendredi avec les
dirigeants des BRICS amène sur le tapis ce « nouveau monde » ou ce
contre-monde, c’est selon, où l’Eurasie
ayant toute sa place, l’Europe y est. D’un point de vue géopolitique, la
démarche grecque a le potentiel d’audace, de courage. Les dirigeants européens
ne l’ont pas, eux qui devancent le souhait pérenne de la prépotence anglo-américaine
leur abandonnant le soin de la stratégie et de l’influence dans tous domaines.
On le voit avec le futur traité transatlantique. Détail, les gouvernants
européens ne s’aperçoivent même pas de la résistance d’élus américains qui
viennent de faire trébucher Barack Obama, de même ignorent-ils la lettre de 42 députés
européens à leurs collègues d’outre-Atlantique.
Athènes, sans le vouloir peut-être, occupe un vide qui pourrait se transformer
en tourbillon. La percée de PODEMOS sur fond de corruption de la classe
politique espagnole post-franquiste est, aussi, un ferment intéressant. Petit à
petit, émerge des troupeaux européens des « Têtes ».
Le devenir de l’Europe ne serait
pas de quitter une fascination lâche pour les États-Unis pour épouser celui d’un
regroupement de puissances : la tâche européenne est de devenir l’Europe
stricto sensu !
Le chemin parcouru par la Grèce
vers les BRICS n’est pas un Canossa mais la trace d’une route plus neuve :
nous devons en être les géographes et les
cantonniers.
Sources:
Lettre aux députés américains :
Bon article de Caleb Irri:
Jean Vinatier
SERIATIM 2015
1 commentaire:
comme le disait quelqu'un : c'est un scandale !
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