La pièce cessa brutalement ce
matin quand fut annoncé la victoire de la Bastille sur le peuple, certes Grec,
mais surtout à tous les peuples de l’Union européenne. Point de gouverneur
hésitant, que des canons chargés à ras bord, des fusils prêts pour la mitraille
et le certain d’avoir au-delà des peuples d’autres furies, les Austérités.
Point de héros parmi le peuple, on découvrit même sa trahison entamée depuis
plus longtemps et les ressorts du mécanisme, le référendum, en fait un leurre.
Ce leurre ne fonctionna pas, les Grecs disant un NON massif. Il fallut donc à
Tsipras, le faux héros, aller plus vite
que la joie populaire afin de lui ôter toute respiration. Certes combattit-il ?
Ne fallait-il pas donner le change ? Thomas Piketty disait, lors d’un
entretien avec Jacques Bourdin qu’un gouvernement d’extrême gauche était infiniment moins dangereux qu’une équipe
ministérielle d’extrême-droite parce que le premier était internationaliste, la
seconde souverainiste. Son propos sonnait juste et était prémonitoire :
Alexis Tsipras a-t-il voulu donner le pas à l’idée européenne plutôt qu’à sa
propre patrie ? La vérité est plus prosaïque : l’extrême-gauche sait
dire, et lancer quelques phrases chocs mais elle n’est plus du tout
révolutionnaire. Elle est une rebelle qui veut dormir avec sa carte de crédit. Nous
ne sommes plus dans les années 60 quand les idéologies saisissaient les masses.
En 2015, les consommateurs, ex-citoyens, ont quitté les partis, les idées, l’Histoire,
le combat et le projet de société c’est-à-dire le bien commun. Tsipras est désespérément
un brave Judas ne reniant pas ses 30 deniers qui ne demandait qu’une minute de gloire en échange d’une longue
éclipse !
La victoire franco-allemande, le
baiser au sens propre de Junker à Tsipras, tout cela marque bien une défaite
considérable. Que la démocratie ne soit pas vue avec bienveillance par
Bruxelles, nous le savons, mais que le champion de la démocratie lui torde le
cou sous le couvert d’un déguisement est, sans doute, une première. Cet
événement surgissant depuis la Grèce a
une valeur symbolique dramatique puisque c’est son siège lui-même qui est
aboli. L’Union européenne serait, dit-on à la recherche d’un nouveau type de
souveraineté mais n’a-t-on jamais vu naitre une quelconque souveraineté d’un
espace mercantile et financier ? L’Union européenne qui s’apprête à signer
des deux mains le traité transatlantique (qui regroupe plusieurs traités) s’ôtera
même la justice puisque agiront en recours ultime et total, les tribunaux d’arbitrage,
entre les mains doubles des multinationales et du gouvernement américain en
pleine communion avec la FED. Il n’y aura même plus d’Union européenne, il
n’y aura plus que des syndicats d’intérêts ! Plus de citoyens, plus de
souverainetés, seulement des individus déliés de toute mémoire, toute filiation
et Histoire, avides et imbéciles.
Ce jour ce n’est pas tant la victoire de Berlin sur
un continent européen que celle du libéralisme, lui-même dévoyé, au service de
seuls bénéfices de capitaux….
Terminons par une note ironique,
Alexis Tsipras qui fut quotidiennement brocardé par les médias tant qu’il
illusionnait par sa résistance, désormais qu’il a tombé le masque se voit
attribuer des qualités d’homme d‘État…..
François Hollande, en bon
socialiste toujours placé du côté des possédants et chantre constant de l’austérité
aura donc son 14 juillet vengeant la Bastille : l’Histoire termine son
cycle. La tyrannie triomphante aura son plus beau feu d’artifice……
Jean Vinatier
SERIATIM 2015
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