L‘article date de décembre 2014….
« La Ballade de la ruine
écrite par Charles Cros dans le dernier tiers du XIXe siècle est
contemporaine du prestigieux château de Boulogne qui apparaît aujourd’hui comme
un fantôme au fond du parc Edmond de Rothschild. Acheté en 1817 au
banquier Davilliers, le domaine comprend un pavillon du XVIIIe siècle, le
pavillon Buchillot aujourd’hui réhabilité en Musée Paul Belmondo et le château
reconstruit par l’architecte Joseph-Armand Berthelin entre 1855 et 1861. Le
château est conçu, et c’est un fait pionnier à l’époque, dans le plus pur style
Louis XIV : un corps de logis rectangulaire cantonné de deux pavillons en
légère saillie couverts de hautes toitures à quatre pans coiffées d’ardoise.
Les combles sont percés d’oculi et d’œils-de-bœuf moulurés. Cette sobriété des
formes répond à la munificence du décor : sur les deux façades, les paires de
colonnes en marbre rouge du Languedoc sommées de chapiteaux en marbre blanc
soutiennent des balcons en saillie qui évoquent immanquablement la cour de
marbre du château de Versailles. Une verrière métallique avec colonnettes et
lambrequins soulignait les lignes de la façade d’entrée décorée de panneaux de
mosaïques colorés. La distribution intérieure suit un plan classique, le
rez-de-chaussée uni par une grande galerie desservant deux salles à manger, un
grand et un petit salon, une bibliothèque, un vestibule et un « salon
Boucher » orné de toiles du maître. L’étage supérieur accueillait les espaces
d’habitation et celui des combles, les espaces réservés aux domestiques.
[…..]
Un projet de la dernière chance semble cependant se profiler, mené par la
patience d’associations locales parmi lesquelles Boulogne Patrimoine. On n’ose
y croire. Le propriétaire pourrait accepter de céder à la ville le château
moyennant l’autorisation de réaliser un complexe immobilier qui financerait les
coûts de la restauration (qui s’élèveraient selon Bernard Mayrand, président de
Boulogne Patrimoine, à 30 ou 35 millions d’euros). 80% des toitures sont à
reprendre de même qu’une très large partie des façades et des planchers. Sur
les 7000 m2 jouxtant le château, déclarés constructibles par le plan au sol de
1983 dans le cadre de l’aménagement du parc acquis par la Ville, seuls environ
1540 m2 sont réellement exploitables et la commission des sites a donné son
accord en 2011 pour un réaménagement du parc.
Le président du Conseil Général des Hauts de Seine disait rêver il y a
quelques années d’une « vallée de la culture s’ordonnant autour de la
Seine », à la manière d’un Napoléon III qui transforma le bois de Boulogne
et fit lotir le Parc des Princes à l’orée du château du grand baron. Le
renouveau du musée Albert Kahn, la transformation de l’Ile Seguin sont autant
de projets coûteux voire ruineux, contestables voire condamnables. Mais sur le
domaine Rothschild, pas un mot. Cette famille a pourtant offert, à ce
jour, plus de soixante mille œuvres aux musées de France. Les grands
mécènes du passé ne méritent-ils pas les égards que l’on accorde si facilement
à ceux du présent ? »
La suite
ci-dessous :
Jean Vinatier
Seriatim2015
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