« L’effroi,
l’horreur, la barbarie… Ces qualificatifs font florès dans les médias français
(et étrangers) après les six attaques terroristes perpétrées à Paris dans la
nuit du vendredi 13 (ont-ils choisi à dessein cette journée marquée, comme on
le sait, de mauvais augure ?) novembre ? Oui, ces qualificatifs sont
justes, indéniablement, et l’on ne saurait passer sous silence le drame vécu
par les victimes et les familles directement touchées, compatir à leur douleur.
Ceci dit, et qu’il faut dire, il serait trop facile d’en rester à ce que je
considère une analyse sommaire et biaisée.
Qui, en France, au sein de la classe politique, de ce qu’on appelle
maintenant d’un terme qui ne veut rien dire : la société civile, au sein
des mouvements organisés (syndicats, partis, etc.) a, depuis maintenant cinq
ans, cinq terribles et longues années, « compati » à la douleur des
Syriens, qui vivent au quotidien l’effroi, l’horreur, la barbarie… Leur
président, que les politiciens français vouent d’un bel unisson aux gémonies,
vient, devant des députés français, de prononcer une phrase que tout le monde,
si les œillères n’empêchaient pas de voir, devrait accepter comme une vérité
douloureusement exacte : « Paris a connu ce que nous, les Syriens,
nous vivons depuis cinq ans » !
Car le point de départ est bel et bien là. L’État islamique a
« fleuri » sur le fumier entassé en Syrie par l’OTAN, en tout premier
lieu, par la France et son soi-disant « tranquille » président,
François Hollande, le principal boutefeu occidental, le plus fanatique
va-t-en-guerre, celui qui a fait (et qui fait toujours) du renversement de Bachir
el-Assad une question quasiment personnelle, tout autant son prédécesseur
Sarkozy avec Kadhafi en Libye. Lui au moins avait des prétextes, guère
avouables certes. Mais quels sont les motifs censément plus avouables de
Hollande ? Les a-t-il jamais énoncés ? Pour quelles raisons lui et
l’OTAN sont-ils allés fomenter de l’extérieur ce que la presse bien-pensante
appelle maintenant une « guerre civile » ou, tout simplement, une
« crise », et qu’un peu de bon sens permet de qualifier plus justement
de « guerre importée » ? Je lis les grandes explications
sociologiques du Monde sur la raison pour laquelle la France serait le
pays que les djihadistes « aiment haïr ». Un article sans doute
satisfaisant sur le plan intellectuel, mais qui, sur le plan politique, laisse
dans l’ombre le fond même de la question : pourquoi et comment une
organisation (il faudrait trouver un autre mot, bien entendu) terroriste
a-t-elle pu surgir et surtout se développer avec une telle vitesse et, surtout
encore, se doter en si peu de temps de moyens financiers, logistiques et
militaires absolument inouïs qui feraient pâlir d’envie n’importe quelle
autre ? Quand un « mouvement » terroriste arrive à s’emparer de
territoires aussi grands que ceux qui sont tombés sous la coupe de l’État
islamique (nous sommes là très loin du fameux « foco » des
guérilleros latino-américains des années 60 et 70), à faire régner sa sinistre
loi sur des régions entières, à s’emparer de puits de pétrole, à les faire
fonctionner, à vendre leur pétrole sur on ne sait trop quels marchés, c’est,
d’une part – comment en douter ? – qu’il bénéficie de très puissants
appuis, et, de l’autre, qu’il répond aux attentes de certains États, de vrais
États, eux, qui ont besoin de lui pour arriver à leurs propres fins.
[….]
La suite ci-dessous :
Jean Vinatier
Seriatim2015
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