Les élections régionales qui ne
suscitaient jusqu’alors qu’un intérêt réduit sont devenues par la grâce de
l’exécutif un moment politique singulier avec un résultat qui l’est tout autant.
Disons-le clairement le moment de
terreur médiatique que firent régner l’exécutif, les médias, des grands
patrons, des dignitaires universitaires et in fine quelques vedettes ont engagé
le « sursaut » républicain et citoyen contre le Front national devenu
tout d’un coup l’élément déclencheur à la fois d’une « guerre
civile » et de l’émergence du désert économique. C’est accorder beaucoup à
ce parti qui n’est jusqu’à présent, qu’une caisse de résonance de bien des
mécontentements, des craintes identitaires et d’autres interrogations diverses.
Avec de tels apprentis sorciers, le parti lepéniste monte en grade et en
légitimité. Si Mme Le Pen n’accroche aucune région à sa besace, 358 conseillers
régionaux y seront partout s’ajoutant aux autres élus (députés, sénateurs,
maires, conseillers départementaux) : ainsi le mouvement crée par son père
en 1972 pose-t-il une multitude de jalons sur un sol désormais très fertile. Etait-il
« facile » pour les Français d’élire un FN à la tête d’une région ?
A l’évidence non. Le ressentiment de la nation est véritable mais elle a des
scrupules. Elle lui manque, pour prendre le risque, d’être couverte par une
figure tutélaire. N’existant pas les Français votent pour des partis qu’ils méprisent
accordant, ainsi, un répit à des partis qui n’en peuvent plus de manœuvres.
Au soir de ce 13 décembre, les
Républicains et le PS sont plus que jamais cette tentative de parti unique
européen, avocat enthousiaste, notamment, de l’entrée de la Turquie, du
maintien du Royaume-Uni dans l’Union et du traité transatlantique qui va s’abattre
sur les Français. Le front républicain, censé nous protéger « d’un monstre »
aboutirait-il à la chute des masques : l’entente complète entre deux
entités politiques ne gardant comme « différence » l’approche
sociétale ? Ce front républicain ne
serait donc qu’un leurre pour rendre irréversible l’engrenage en faveur d’une
Europe des possédants mondialisés sous la férule anglo-saxonne. Si nous ne
sommes pas encore dans une période pré-fascisante, au moins voyons-nous s’avancer
cette force, déjà, tyrannique d’autant plus redoutable qu’elle se pare des
atours de la devise républicaine, de son hymne et qu’elle sait, quand elle
estime le péril grandir fulminer et terroriser. La démocratie entre de telles
mains enchaîne le peuple au lieu de l’épanouir.
Entre le 13 novembre et le 13
décembre, entre les attentats terribles et le scrutin des régionales, ce fut un
mois pendant lequel le pouvoir sut tourner une opinion publique, contraindre l’opposition
à se taire alors même que se posait de façon évidente sa responsabilité dans le
carnage intervenu. La veille, Manuel Valls était (déjà) en guerre contre le FN,
le lendemain il entrait en guerre contre Daesh. Ni lui, ni Cazeneuve ne
présentèrent leur démission et, au contraire, continuèrent leur bonhomme de
chemin respectif laissant à François Hollande la mise en scène des Invalides
dont le moment cloua toute critique. Ce pouvoir ne marche-t-il pas sur 130
Français et étrangers tombés sous les coups d’assassins et tombés, sans omettre
tous les mutilés, parce qu’il ne fit rien après Charlie et l’hyper casher… ?.
13 novembre/13 décembre: les trente
journées pour déjouer la colère du peuple. Fausse défaite du Front national,
fausse victoire du PS et des Républicains : ces Molosses modernes de Pyrrhus
finissent les batailles sur les rotules……
Jean Vinatier
Seriatim2015
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