« Le prix d’un forfait comprenant un voyage de la
Turquie vers la Libye par air puis une suite par mer de Libye en Italie coûte
3700 dollars. Pour une traversée par bateau, le prix est de 1000 dollars par
adulte. Trois enfants coûtent 500 dollars ». Tel est le genre d’annonce que
les réseaux criminels spécialisés dans le transport de migrants publient sur
les réseaux sociaux, selon le dernier rapport qu’Europol, l’office européen de
police, a présenté à La Haye le 22 février dernier, lors d’un forum conjoint
avec l’organisation internationale de police criminelle, Interpol (1).
Au cours de ce forum (22 et 23 février à
La Haye), a été lancé, conformément aux conclusions, en octobre 2015, d’un
premier forum tenu à Lyon, décision confirmée en novembre par les ministres
européens de la Justice et des Affaires intérieures (2), un Centre européen pour
la lutte contre le trafic des migrants (EMSC). Le centre s’appuiera en
particulier sur le travail d’Europol, qui a identifié au cours de ces dernières
années plus de 40 000 trafiquants. Travail qui sera mené en étroite
collaboration avec les autres organismes compétents de l’UE, Frontex (l’agence
européenne pour la gestion des frontières extérieures de l’UE) et Eurojust
(l’unité de coopération judiciaire de l’UE). On espère ce nouveau centre
opérationnel parce que les trafiquant sont, eux, organisés : « A l’intérieur
de l’UE, les réseaux de trafiquants utilisent aussi les réseaux sociaux pour
recruter leurs chauffeurs. Ces plateformes sont également utilisées par les
passeurs et les migrants irréguliers pour partager leurs informations sur les
routes de migration, les changements en matière de droit et de procédures
d’asile, ou les conditions défavorables dans les pays de destination » (1).
Ce type d’informations permet aux passeurs de s’adapter et d’adapter leurs prix
en fonction de la sûreté des routes proposées.
Bien entendu, un florilège d’activités
complémentaires et lucratives complète ce business rentable : certains de ces
trafiquants sont « aussi impliqués dans d’autres activités criminelles
telles que le trafic de drogue (22% en 2015), la production de faux
papiers (18% contre 3% en 2014), le vol (20%) et le trafic
d’êtres humains (20%) ». Sachant que les chauffeurs en particulier se
livraient de préférence, avant de donner dans le transport de migrants, au vol
et au trafic de drogue à l’intérieur de l’UE. Est-on surpris par l’augmentation
des activités dans le domaine des faux papiers ? Les documents contrefaits,
nous dit le rapport, qui peuvent provenir d’Athènes, d’Istanbul, de Syrie ou
même de Thaïlande sont en forte augmentation. Un exemple ? « Une enquête a
mené à la découverte d’une imprimerie de pointe en Albanie, dotée d’un
équipement valant des millions de dollars. Le principal suspect, qui gérait
l’imprimerie, recevait des commandes des réseaux de passeurs pour produire sur
ordre de faux documents, envoyés par petits paquets et par courrier. Ces
documents, de très haute qualité, étaient livrés à des migrants irréguliers en
Grèce pour faciliter leur voyage ultérieur dans l’Union européenne. Le suspect
coopérait étroitement avec des réseaux criminels en Bulgarie et en Turquie. Une
perquisition dans l’imprimerie a permis la saisie de milliers de visas vierges,
de permis de résidence, de cartes d’identité, de passeports et de permis de
conduire de différents pays de l’UE ».
On méditera sur l’efficacité du contrôle
aux frontières à l’intérieur de l’UE, quand il existe…
[….]
La suite ci-dessous :
Jean Vinatier
Seriatim2016
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