M’imaginais-je un jour passer une nuit entière à
suivre le développement des résultats d’un référendum ? Et pourtant, ce
fut le cas : les nations regroupées sous la bannière de l’Union Jack
décidant par une nuit historique de quitter l’Union européenne (CEE) dans
laquelle elles entraient quarante années plus tôt.
Le gouvernement britannique prenant acte du choix du
royaume et entendant ne pas le contester sait qu’il entre dans les turbulences :
écossaise, nord-irlandaise, galloise même, l’Angleterre, cœur central de l’île,
seule restant solide et apparemment sûre de sa fondation.
Les mines allongées des dirigeants de l’Union
européenne soulignent l’importance cruciale que revêtait le maintien du Royaume-Uni :
la City, première place financière européenne, Londres capitale idéologique
avec Washington de l’idéologie ultra-libérale, carrefours, géopolitique
déterminant pour la signature des traités de libre-échange entre les Etats-Unis
et Bruxelles, géostratégique fondamental avec l’OTAN. Le maintien du Royaume-Uni,
quoique avec des privilèges et exemptions extraordinaires, dans l’Union
européenne devait sceller le sort de toutes les nations pour entériner de fait
une immense aire territoriale mercantile, financière, qui ne désobéirait ni aux
volontés des Etats-Unis dans sa suprématie de l’Atlantique au Pacifique contre
la Chine, la Russie, l’Inde, les BRICS, ni aux multinationales, ni aux immenses
lobbies de tous les horizons sans omettre l’entrée sur scène des migrations
imposées aux indigènes que nous sommes tous.
Pourquoi donc le Royaume-Uni s’est-il séparé du
continent alors même qu’il devait en être la plaque tournante ? Pourquoi
le candidat républicain Donald Trump a-t-il applaudi au Brexit et pas Hillary
Clinton ? Le monde anglo-américain
partagé entre une prétention au messianisme pas seulement religieux et le
risque d’une altération de ses fondamentaux, entre donc dans une crise majeure
mais tue par tous les médias et les bons pensants : rappelons les actions
de tous les contestataires anglais, américains, australiens et l’absence, au
passage, de soutien des fameuses démocraties européennes où la France « patrie
des Droits de l’Homme » brille par un mélange d’hypocrisie et de couardise.
A cette crise du monde anglo-américain s’ajoute plus
clairement avec le Brexit, celle de l’Union européenne. L’Union européenne ne
repose sur aucune faveur populaire, seule une oligarchie de technocrates
installée par des chefs d’Etat et de gouvernement prétend anéantir toute distinction
parmi les nations, refuse obstinément de devenir une puissance politique c’est-à-dire
de se doter d’une souveraineté, de l’indépendance. Bruxelles est la soumission
quotidienne à une puissance étrangère, à une organisation militaire qui agit
comme une force d’occupation ; Bruxelles ne songe qu’à signer les traités
transatlantiques, qu’à humilier la Russie, de faire sien l’aplatissement des
pays, baltes et de l’Est (de la Pologne à la Roumaine). Les Européens que nous
sommes ne nous reconnaissons pas dans cette Union qui se moque des volontés
nationales et nous réduiraient à l’état de « réserve indienne ».
Le désarroi des européens se résume par l’intervention
au-delà du médiocre de François Hollande qui craint les populismes. Cet homme qui
a osé rendre hommage à la Résistance et au Général de Gaulle alors même qu’il a
laissé, banques et entreprise françaises se faire racketter de 15 milliards par
le gouvernement américain dans l’affaire du commerce avec l’Iran sous embargo
de cet exécutif, qu’il a livré la branche énergie d’Alstom à Général Electric,
entreprise américaine, au terme d’une série de chantages et de l’
emprisonnement d’un haut dirigeant de cette société, plaçant de facto nos
sous-marins nucléaires sous la férule du Pentagone. C’est donc avec de tels
personnages combinards seulement hantés par une réélection et s’aveuglant de
leurs propres faiblesses internes que l’Union européenne devrait poursuivre sa
route ? Il est à craindre que fidèles à leurs abandons, les 27 n’accélèrent
en direction du plus d’Europe intégrée et appliquent le traité transatlantique
pour être les fantassins des seuls intérêts d’une puissance d’Outre-Atlantique.
Mais ce que ne veulent pas voir les bruxellois, c’est l’entrée en crise
(économique et identitaire) de cette puissance. La candidature de Donald Trump étant,
à cet égard, importante. Nous le savons aujourd’hui les 27 soutiendront Hillary
Clinton, belliqueuse et suprématiste, une démocrate ayant repris toute la
doctrine des néo-conservateurs républicains !
Partout s’avance et grandit la question identitaire
menacée par la mondialisation et les globalisations. L’Europe géographiquement
placée au centre du monde devrait être la plus sûre et la plus éclairée afin d’assurer
les articulations avec les autres continents et les nations-monde. Elle ne le
peut, bloquée, étouffée par l’actuelle Union européenne. La non-limitation des
migrations et l’envie de placer la Turquie dans l’Europe en disent long sur le
but à atteindre.
Le Brexit voté par les Britanniques et assumé par les
députés et le gouvernement à l’exact opposé de ce que firent les Sarkozy,
Hollande et consorts lors du référendum de 2005, prouve que la classe politique
du royaume est capable d’oser et d’assumer. Il en ira bien différemment sur le
continent. Bruxelles avec Junker et Tusk en tête, vomiront davantage les
citoyens que nous sommes et ne voudront plus de consultation par voie
référendaire. Cette fermeture aux peuples aura des conséquences sur la
démocratie représentative, elle-même, totalement décrédibilisée. Bruxelles et
les gouvernants ne veulent pas savoir notre degré de détestation envers eux.
Le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne
aurait permis de continuer la fiction de la narration démocratique et des droits
de l’homme, son départ fait éclater le vernis. L’Union européenne aura-t-elle
le destin du tableau de Dorian Gray….. ?
Jean Vinatier
Seriatim 2016
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