« [….] les idées zombies
ont la vie dure. Au FMI, d’abord, où l’opinion du secteur études n’a pas encore
influencé le secteur opérationnel : « les opinions exprimées (par les
chercheurs) dans cet article ne sont pas institutionnelles. Cela ne reflète
en rien la position officielle du FMI ». Même s’il « commence à se
diriger vers une évaluation de la mondialisation plus équilibrée (et en
particulier de la mondialisation financière) », reconnaît toujours pour
Atlantico l’économiste (Harvard) Dani Rodrik. « Il est trop tôt pour parler
de revirement doctrinal. Le consensus précédent, celui du fondamentalisme du
marché et de l’adhésion sincère à la mondialisation s’est dissipé, mais aucun
modèle cohérent ne l’a encore remplacé ».
Mais il y a pire : en Europe, la Commission, qui a adopté avec enthousiasme
les dogmes néolibéraux (politique d’austérité, ouverture sans entrave aux
échanges, etc.) comme on le voit avec la frénésie qu’elle met à conclure le
Traité transatlantique (TTIP) par exemple, ne paraît pas être sur le chemin
d’une prise de conscience. Pas plus, remarque Xavier Timbeau que l’état
d’esprit n’ait évolué en Allemagne chez Angela Merkel – dont on connaît le poids
sur les politiques économique monétaire européennes - ou en France chez
François Hollande. « Etre ensemble » dans une zone hétérogène
pour faire contrepoids aux géants existants ou émergents en appliquant le dogme
néolibéral à l’intérieur de l’Union européenne revient en effet à se mettre en
concurrence entre soi. Cependant, pratiquer une politique de compression des
coûts du travail telle qu’initiée par l’Allemagne sous Gerhard Schröder,
ne revient pas à se donner un avantage concurrentiel vis-à-vis des pays
émergents, où les salaires sont dix à vingt fois plus bas. Mais cela a en
revanche entraîné la ruine des partenaires (économies française, italienne,
espagnole), au bénéfice allemand, certes, mais en déséquilibrant tout le projet
européen – et en provoquant un chômage de masse qui pénalise la
jeunesse. Y compris hors zone euro : « L’Angleterre est dans une
situation quasiment similaire à celle d’avant la révolution industrielle : les
jeunes doivent être prêts à travailler tous les jours sans avoir la garantie
qu’ils travailleront et sans bénéfices sociaux ».
Avec une conséquence que prophétisait déjà le démographe Emmanuel Todd
en 1995 dans la préface de son ouvrage l’Invention de l’Europe
: « légitime et nécessaire dans les années 1945-1980 le projet
européen ne mène plus aujourd’hui à la paix. Il pourrait dans les années qui
viennent conduire au contraire à une remontée dans les peuples de sentiments
hostiles qui n’existaient plus vers 1980 ».
[….] »
La suite ci-dessous :
et
« Sondages Pew : des Européens lucides mais
insatisfaits par Hélène Nouaille »
Jean Vinatier
Seriatim 2016
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