Alexandre Rybine, jeune journaliste
russe qui connut quelques tribulations en Syrie en 2012, nous livre un article
d’intérêt et de réflexion.
J’ajoute un autre point :quel est son lien avec Alexandre Rybine, le garde du corps personnel de Staline ?
« En février-mai 1914, Vladimir Lénine écrit l’article « Du
droit des nations à l’autodétermination ». On est à la veille de la
première guerre mondiale, qui va détruire plusieurs empires et deviendra le
catalyseur conduisant à la création d’une vingtaine de nouveaux états-nations.
Dans les Balkans, les passions séparatistes sont en pleine ébullition, et toute
l’Europe en débat. Ayant arraché aux Turcs une partie de leurs terres, le
royaume de Serbie montre maintenant les dents à l’empire austro-hongrois, pour
lui prendre la Bosnie, peuplée par un grand nombre de Serbes de souche. Les
mouvements clandestins des serbes grandissent en Bosnie, faisant pression sur
les agents de l’empire.
Suivant leur exemple, d’autres slaves vivant dans l’empire veulent
l’indépendance, ils en ont assez de vivre sous la botte de la dynastie
allemande des Habsbourg. Le séparatisme slave, les mouvements de libération des
peuples peuvent à tout moment faire chavirer une Autriche-Hongrie en
décrépitude. Lénine le voit bien et y réagit avec attention dans son article.
La constitution d’Etats-nations signifie une victoire définitive du capitalisme
sur le féodalisme, écrit le dirigeant des bolcheviks russes. Le capitalisme est
un progrès par rapport au féodalisme, c’est pourquoi les séparatismes nationaux
qui doivent conduire à la création de nouveaux Etats-nations venant remplacer
le patchwork des anciens empires vont permettre le développement de l’humanité.
Dès leur arrivée au pouvoir en Russie, les bolcheviks s’attèlent au
règlement des questions nationales. Le 15 novembre 1917 (une semaine après la
prise du pouvoir), le Soviet des commissaires du peuple émet la Déclaration des
droits des peuples de Russie. Le deuxième paragraphe se lit comme suit :
« Le droit des peuples de Russie à l’autodétermination, jusqu’à la
sécession et la constitution d’un état autonome ».
D’après Léon Trotsky, proche compagnon de Lénine à cette époque, la
question nationale était pour le chef des bolcheviks la deuxième en importance
après la question agraire.
Le même Trotsky écrit plus tard dans « L’histoire de la révolution
russe » que les peuples qui auront fait sécession devront affronter leur
propre bourgeoisie de manière autonome, et dans un deuxième temps seulement
rejoindre l’état soviétique international. Voilà la logique des bolcheviks
après la révolution d’Octobre. Quand la sécession, la constitution de nouveaux
états a lieu, ce ne sont toutefois pas les prolétaires qui triomphent, mais les
nationalistes et les libéraux. Les partisans du Moussavat en Azerbaïdjan, ceux
du Dachnak en Arménie, les mencheviks en Géorgie, les nationalistes en Ukraine
et en Estonie, et même en Finlande, qui se considère comme la province la plus
progressiste de la Russie impériale, c’est la bourgeoisie qui triomphe et qui
réprime durement les tentatives des révolutionnaires locaux d’instaurer le
pouvoir des soviets (avant de passer en Russie soviétique, la guerre civile
commence précisément en Finlande).
La suite ci-dessous :
Jean Vinatier
Seriatim 2016
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