La loi bruxelloise dite El Khomri a été votée par l’Assemblée nationale
via le 49.3. Une motion de censure déposée par les frondeurs échoua à
s’appliquer faute de deux signatures comme la fois précédente.
Ce soir le gouvernement Valls soupire d’aise, sa promesse vis-à-vis de
Bruxelles est réalisée même si cette loi est vidée de son contenu à l’exception
de son article 2. Il espère, aussi, avoir suffisamment rogné les ailes de FO et
de la CGT pour les décourager de toute poursuite protestataire durant l’été et à
la rentrée lors de la publication des décrets d’application.
Mais voilà, la gauche d’avant la loi El Khomri est une étendue en
ruine. La droite s’en félicite jugeant bien difficile pour François Hollande de
s’avancer en rassembleur, du parti socialiste, des autres composantes de la
gauche.
Personne n’a été dupe du fait que Manuel Valls a veillé à ce qu’un très
grand nombre de manifestants ne puisse rejoindre le cortège en disposant les
forces de l’ordre de telle sorte que tout franchissement s’avérait impossible à
moins d’affrontement. Ainsi ce gouvernement si prompte aux droits de l’homme
varie-t-il les manières les plus rétrogrades soit en ouvrant le passage à des
casseurs soit en brisant la venue de citoyens manifestants…Ce fait-là noté,
Manuel Valls peut se targuer d’avoir relancé les autonomes et les ultragauches
quasiment disparus des écrans radars. Ainsi en voulant affaisser la GCT a-t-il
remis sur la place publique les plus contestataires et les plus virulents de la
gauche.
La tâche gouvernementale n’est, cependant pas terminée : il lui
faut continuer à réduire FO et la CGT au
profit de la CFDT regardé comme le syndicat le plus compatible avec la doxa
bruxelloise en y adjoignant une représentation catégorielle comme la CGC, cet
exécutif se targuant alors d’assurer un pluralisme social !!!
Avec qui continuer le combat ? Le parti socialiste est cassé en
plusieurs morceaux même si les frondeurs n’ont pu arriver à imposer une motion
de censure : les menaces, les chantages ont été trop lourds et répétitifs.
C’est à se demander si l’Elysée et Matignon aveuglés par leur souci de plaire à
Bruxelles pour être apaisés sur le non-respect de la limite du déficit se sont
aperçus durant l’épreuve qu’ils sciaient la branche sur laquelle ils reposaient ?
Pensent-ils avoir jeté les bases d’un futur parti social-libéral centriste ?
D’ici la présidentielle il semblerait ardu de le mettre en place et quand bien
même François Hollande réussirait-il à l’emporter en mai 2017, quelle assurance
d’avoir une majorité à l’Assemblée ?
Le mécontentement social atteignant un tel degré d’ébullition, il ne
sera guère surprenant que la manière de manifester ne se modifie radicalement :
ainsi pour un cortège annoncé, une vingtaine surgira le jour même dans toute la
capitale faisant courir CRS et gardes mobiles, les actions commandos ayant le
vent en poupe : l’idéal pour les autonomes et les antifafs.
Egalement, quid de la banlieue peu présente jusqu’alors dans les défilés ?
N’est-ce pas un signe inquiétant de radicalisation plus diffus ?
Pyrrhus en son champ de ruines…..
Jean Vinatier
Seriatim 2016
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