Et la République laïque se
retrouva à Notre-Dame de Paris pour conjurer le mauvais sort placé au-dessus de
la France : le martyr du père Hamel devait autoriser cet instant de grâce
que n’avait pas su entraîner le massacre de Nice un 14 juillet. Ce moment
rappelle quelque peu l’appel à la Vierge lancé par le cardinal Verdier en 1940
où derrière, en rang d’oignons, tout un gouvernement qui bouffait du curé
suivait humble et perdu : les Allemands n’entrèrent pas moins dans Paris
le 12 juin.
L’allocution du Président de la
République qui devait être le point d’orgue de cette journée ne convainquit pas :
le « vivre-ensemble » et la liberté de conscience, que François
Hollande confondit avec la liberté des cultes, n’étant pas les bonnes Cariatides. Tout était communication parce
que rien ne devait changer. Manuel Valls, le jour même de l’égorgement du Père
Hamel, âgé de 86 ans, en son église et pendant qu’il officiait, assura que rien
ne serait ajouté à l’état d’urgence. Cet état d’urgence qui épargna Paris mais dévasta
Nice et Saint-Etienne-du-Rouvray indiquera aux provinces françaises que
désormais l’acte de terreur serait présent. Ce n’est pas la création d’une
garde nationale qui changera grand-chose. Historiquement institué au lendemain
de la reddition de la Bastille pour éviter le désordre et tenir le peuple à distance,
cette garde nationale apporta bien plus de désillusion que de bénéfice pour les
régimes successifs jusqu’en 1871. En 2016 la résurgence de cette garde
nationale pour soulager l’armée et la police dans leurs tâches quotidiennes sous la direction d’un pouvoir
moribond mais accroché comme il le peut aux lambris et tentures et qui espère
éviter de chuter trop rapidement apporte, semble-t-il un nouvel aveu de
faiblesse que Daech et consorts noteront. Nous entrons dans une période de
terreur qui ne sera pas semblable aux terreurs révolutionnaires des siècles
précédents : ce sera une terreur sourde, sournoise, machiavélique quand la
déliquescence de la société française ne fait pas de doute. Monseigneur
Vingt-Trois, en évoquant les politiques déviantes ne faisaient pas allusion au
mariage pour tous mais à des faits et des actes politiques et scientifiques qui
y aboutissaient de facto avec la lâche bénédiction des « élites ». Quand
les présidents Sarkozy et Hollande entraînent la France dans des guerres
lointaines où nos intérêts ne sont rien à côté de ceux pensés par l’empire du
Potomac, ne pratiquent-ils pas une politique déviante ? Et c’est là une
victoire de Daech.
Jean Vinatier
Seriatim 2016
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