Je signale la très heureuse publication du livre de Svetlana Gorshenina :
L’Invention de l’Asie centrale. Histoire du
concept de la Tartarie à l’Eurasie, Droz, Genève, 2014.
Un ouvrage d’une grande richesse cartographique et intéressant par la
mise en perspective de cette invention,
notamment, du côté russe.
Introduction par Serge Haroche :
Texte de sa leçon inaugurale
le 7 novembre 2013 :
« Monsieur l’Administrateur,
Messieurs les ambassadeurs,
Mes chers collègues,
Mesdames et Messieurs,
Messieurs les ambassadeurs,
Mes chers collègues,
Mesdames et Messieurs,
En créant une chaire
« Histoire et cultures de l’Asie centrale préislamique », d’abord à
l’initiative de Gérard Fussman et de Jean Kellens envers qui je tiens à
exprimer ma gratitude, le Collège de France n’a pas totalement innové. Une
chaire portant un intitulé assez proche, mais sans la spécification
« préislamique », avait déjà existé de 1965 à 1977 ; le
titulaire en était Louis Hambis.
L’objet scientifique qui
s’offrait alors sous le nom Asie centrale
différait beaucoup de ce qu’il est devenu depuis. On restait alors dans le
droit fil des études que Paul Pelliot avait consacrées à cette zone comme une
partie de l’enseignement de sa chaire, intitulée « Langues, histoire et
archéologie de l’Asie centrale », mais d’une Asie centrale vue presque
uniquement sous l’angle de ce qu’elle avait donné à la Chine et de ce qu’elle
en avait reçu. À cette époque, l’archéologie dont on pouvait se nourrir était
presque uniquement une archéologie du bouddhisme, celui de l’Afghanistan où
œuvrait la Délégation archéologique française en Afghanistan (DAFA) et celui du
Turkestan chinois qu’avaient parcouru les grandes expéditions européennes du
début du siècle, dont une mission française conduite par Pelliot lui-même. Les
résultats des fouilles soviétiques étaient demeurés presque inconnus à
Pelliot ; Hambis en avait reconnu l’importance mais il n’avait pas de
contact avec le terrain. Quant aux sources écrites que l’on mobilisait, il
s’agissait presque uniquement des sources chinoises, chroniques et récits de
pèlerins bouddhistes, les seules dont on pensait alors qu’elles pouvaient
fournir des repères chronologiques fiables. On prêtait aussi une grande
attention aux récits des voyageurs européens du xiiie siècle,
dans une perspective où l’Empire mongol était perçu comme le grand
décloisonnement de l’Eurasie et où l’entreprise emblématique était l’édition et
le commentaire de Marco Polo, tâche à laquelle Pelliot puis Hambis consacrèrent
beaucoup d’énergie.
La suite ci-dessous :
Jean Vinatier
Seriatim 2016
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