Syrie : point de situation
« Presque un an après l'entrée en lice de la Russie en Syrie, la
situation s'est bien améliorée pour les forces gouvernementales. En effet,
depuis le début de 2015, elles connaissaient une très forte pression de la part
du Front al Nosra - et de différents mouvements affiliés plus ou moins discrètement
à Al-Qaida « canal historique » - et du groupe Etat Islamique
(Daech). Le plus grand succès depuis l'arrivée des Russes a été la reconquête,
au printemps 2016, de la ville mythique de Palmyre. Au nord-ouest du pays, la
situation était catastrophique pour les forces syriennes dans les régions
d'Alep et dans le fief alaouite de Lattaquié, le long de la côte
méditerranéenne. Elle s'est progressivement inversée, l'initiative repassant du
côté gouvernemental. Toutefois, des combats acharnés se poursuivent dans ces
régions, le sort des armes y restant aléatoire. Cela a été de même dans la
région de Damas et en particulier dans le quartier de La Ghouta, situé à
l'est de la capitale.
Mais la guerre n'est pas gagnée. Deux brigades sont toujours encerclées par
Daech à Deir ez- Zor - le petit Dien Biên Phu syrien - dans l'est du pays, et
des combats très indécis se poursuivent entre Homs et Hama, au centre, et dans
la région de Deraa, dans le sud-ouest à proximité du Golan. Le principal
problème tactique réside dans le fait que toutes les parties manquent
cruellement d'effectifs au sol pour emporter une décision significative sur le
terrain. »
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Syrie : mise en place d’une zone tampon :
« [….] La nouvelle donne en Syrie risque d'être la suivante :
le nord du pays va être contrôlé par les Kurdes, par les rebelles soutenus
par la Turquie[4]
et par les islamistes radicaux dans la province d'Idlib ;
Alep, considérée comme une bataille majeure par toutes les parties va
continuer à être disputée ;
l'est reste tenu par Daech car il n'est plus question de libérer Raqqa, la
« capitale » du proto-Etat, les FDS ayant jeté l'éponge suite à la
politique ambiguë de Washington ;
la côte méditerranéenne et Damas sont solidement aux mains du régime et de
ses alliés mais harcelés par des groupes rebelles ;
le centre (région de Hama) et le sud (région de Deraa) vont rester disputés
de manière à desserrer l'étau pesant sur Alep.
Bien que personne ne veuille l'avouer, la partition de la Syrie se
poursuit.
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Daech Al-Qaida état de la menace terroriste :
« La menace terroriste représentée par les mouvements
salafistes-djihadistes, Daech et Al-Qaida « canal historique » est
plus présente que jamais. Si elle frappe régulièrement sur les terres de djihad
traditionnelles - Syrie, Irak, Afghanistan, Pakistan, Bangladesh, Sahel,
Somalie, Nigeria, Extrême-Orient, etc. - elle vise à étendre ses opérations
terroristes ailleurs, particulièrement en Occident et dans le Caucase. Pour
résumer, Daech est à la manœuvre et Al-Qaida « canal historique »
souhaite revenir sur le devant de la scène. Mais en dehors des théâtres de
guerre cités, les deux organisations semblent rencontrer des difficultés à infiltrer
des commandos chargés de mener des opérations d'envergure comme celles qui ont
eu lieu en France en 2015. Il est néanmoins probable qu'elles y parviendront à
un moment ou un autre. Par exemple, Daech aurait créé le « bataillon Anwar
al-Awlaki[1] » constitué exclusivement d'anglophones, dont les
objectifs seront majoritairement leurs pays d'origine. Il est d'ailleurs un peu
surprenant que le nom d'un idéologue d'Al-Qaida « canal historique »
soit donné à une unité de Daech. En plusieurs occasions, des groupes
francophones ont aussi été cités sans qu'ils aient reçu un nom de baptême
particulier. Les filières de migrants en Europe peuvent, d'une part être
utilisées pour acheminer des activistes, et d'autre part, ces populations
constituent des viviers abondants pour toutes les mouvances terroristes et
criminelles.
En attendant de faire mieux, les deux organisations salafistes-djihadistes
multiplient les appels au meurtre sur les réseaux sociaux en demandant aux
« djihadistes solitaires[2] »
à passer à l'action. »
La suite ci-dessous
Jean Vinatier
Seriatim 2016
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