Les médias se sont-ils trompés dans le cours de la campagne
américaine ? Faute d’une véritable réflexion sur eux-mêmes, la première
démarche générale parait être de leur part de montrer du doigt les instituts de
sondages. Cette défausse ne trompe guère. Le rôle d’un média est d’informer pas
de désinformer. La constance des médias dès lors qu’il s’agit de faire voter
dans un sens, d’élire le bon candidat est telle quelle semble être une maxime
non écrite. Cette presse verticale totalement dépassée par les réseaux sociaux
(médias horizontaux ou circulaires) croit toujours en sa légitimité quand bien
même n’assume-t-elle plus, la distance la réflexion, la réalité des choses et
des hommes.
Tant les électeurs américains, français1 ont compris
depuis belle lurette que l’échange entre eux valaient tous les articles et
toutes les signatures si prestigieuses fussent-elles ? Mais a-t-on besoin
d’une signature prestigieuse ? Le citoyen fait la nouvelle, il en est le
colporteur. Le citoyen informe le citoyen. La verticalité n’est plus, les médias
sont une Bastille qui git à nos pieds.
Que les médias soient entre les mains de financiers, de multinationales
ne sont pas une nouveauté : depuis longtemps avoir un titre plaît aux
puissants. L’important est dans l’évanouissement de la déontologique ou serment
d’Hippocrate. Loin d’amener la nouvelle les journaux impriment des ordres
qu’ils se répètent en boucle sans n’avoir plus le moindre recul. Cet abandon de
l’intelligence au profit d’une pensée unique confortable, bienpensante, de
minorités financières très puissantes, se paie aujourd’hui mais, est-il assuré
que la leçon sera entendue ? Pas du tout. Les médias, canards sans têtes
entendent courir au-delà du possible jusqu’à la chute finale.
La classe politique, ici, française engagée également du fait même de son
adhésion à l’Union européenne, à l’euro, à l’OTAN, perd aux yeux des Français
sa qualité de visionnaire. Hormis Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et quelques
autres hommes politiques, les politiciens (gouvernement inclus) de gauche comme
de droite ou du centre faisant de la fin de la souveraineté une fin en soi
abattent en toute logique la légitimité de la politique : qu’est-ce que la
politique sans la souveraineté, sans l’indépendance ? A l’instar des
médias, les élus sont nus.
Le populisme tellement abhorré n’est que la réponse à la démission
générale des élus, des journalistes. L’exemple de Jean-Michel Apathie furieux
de l’élection de Donald Trump avoue le danger du « suffrage universel »
et affirme que s’il était élu, son premier geste serait de « détruire le
château de Versailles », symbole d’une France révolue c’est-à-dire historique
résume parfaitement le total engagement de ces « élites » dans la
déconstruction de la racine. Etat-nation, démocratie, information plurielle, citoyen
libre sont les ennemis décisifs à abattre.
Jean Vinatier
Seriatim 2016
Note :
1-La presse britannique se distingue des autres par l’existence de
différences et garde encore un « ton
populaire » inscrit en droite ligne de l’émergence de la vie parlementaire
du royaume.
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