« Si l'on
excepte quelques expériences isolées au cours du Moyen-Age, c'est au XVe siècle
que naît le renseignement français
C'est Louis XI (1423-1483) qui apparaît comme le
premier monarque français à recourir naturellement au renseignement, grâce
auquel il consolida le pouvoir royal. A partir du XVe siècle
également, les écritures secrètes connaissent un développement rapide dans le
royaume. François Ier (1494-1547) puis Henri IV (1553-1610)
s'attachent les services de mathématiciens (de la Bourdaizière, Viète) pour
percer les codes des messages secrets de leurs adversaires. Puis, en 1586, de
Vigenère, invente un procédé de chiffrement qui restera longtemps inviolable.
Avec Richelieu (1624-1642), le renseignement français
connaît un essor considérable, car le cardinal va faire du pays, le première
puissance européenne aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les trois missions que
Richelieu confia à ses « services » furent : l'abaissement de la
maison d'Autriche ; la répression des complots ourdis par la noblesse en
liaison avec les puissances ennemies ; et le démantèlement de
l'organisation protestante en France. Le cardinal créa, parallèlement, le
« Cabinet noir », une cellule secrète chargée d'intercepter les
correspondances postales de la noblesse française et des cours étrangères.
Mazarin (1601-1661), qui lui succèdera, héritera de ces réseaux et de ces
savoir-faire.
Une nouvelle impulsion est donnée au renseignement
sous le règne de Louis XIV (1643-1715), grâce à Colbert qui développe le
renseignement économique, n'hésitant pas à envoyer des agents dans les nations
voisines, afin de subtiliser leurs secrets industriels. Le Roi-Soleil infiltre
également ses agents à la cour d'Angleterre ; ils poussent Charles II
à déclarer la guerre à la Hollande en 1672, servant la politique européenne de
la France.
Parfaitement conscient de l'importance des actions
clandestines en politique étrangère, Louis XV (1715-1774) se dota d'un service
de renseignement et de diplomatie parallèle : le « Secret du Roi ».
Cette organisation secrète fonctionna pendant près de vingt ans dans la
clandestinité, à l'insu des ministres et de la Cour. Il s'agissait d'un
véritable service de renseignement et d'action aux ramifications multiples. Il
interceptait et lisait le courrier des diplomates étrangers et de la noblesse
française. Il recrutait des agents et distribuait des fonds en Pologne, en
Suède, à Constantinople et à Saint Petersbourg. Si ses plus célèbres
agents furent le chevalier d'Eon, Vergennes et Breteuil, d'autres personnalités
célèbres participèrent à ses actions occultes, dont Voltaire, qui en 1742,
reçut pour mission d'intoxiquer Frédéric II, le roi de Prusse, dont il était
l'ami. La France fut également très active en matière de renseignement
économique, notamment afin de s'approprier les secrets industriels britanniques.
Louis XV envoya outre-Manche des agents formés à espionner et débaucher des
artisans spécialisés. En réaction, les Britanniques adoptèrent une loi
interdisant l'émigration de certains ouvriers qualifiés, mais les opérations
françaises se poursuivirent néanmoins.
La suite
ci-dessous :
Jean Vinatier
Seriatim 2016
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