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mardi 31 janvier 2017

Macron ou le populisme de comédie ? N°4297 11e année



L’affrontement entre les deux anciens jeunes rocardiens et ex-ministres de François Hollande, Benoît Hamon et Manuel Valls s’est terminé par la victoire du premier sur le second ; commencent, désormais, les départs et les combinaisons internes au parti socialiste et à la gauche dont Jean-Luc Mélenchon veut tenir ferme le gouvernail tandis qu’Emmanuel Macron se pourlèche les babines à l’idée de s’élever davantage dans les airs.
Macron, ancien secrétaire général-adjoint de l’Elysée, ministre de l’Economie de François Hollande a réussi, jusqu’à présent, le tour de force, d’empêcher qu’on vienne lui reprocher son action durant le quinquennat. Sans doute espéré par le Président de la République comme une sorte de tapir aspirant au centre, à gauche, droite pour son bénéfice, voici Emmanuel Macron, officiellement émancipé de son mentor, ne disant que peu mais s’élevant dans les airs, porté aux nues par des médias dont les propriétaires le couvent et ne tarissent pas d’éloges flatteurs. Il a joui de ne pas se dévêtir tant que les primaires se déroulaient. Cette page-là terminée, il devra quitter le profond du bois pour la pleine lumière escomptant que tous lui tombassent dessus, grandissant encore son côté martyr et victime totale s’attirerait la compassion.
Emmanuel Macron est un acteur clés, comme Hamon et Valls, du quinquennat désastreux qui se termine, acteur politique parfaitement soumis à Berlin où il fit en anglais un discours louangeur sur les flux migratoires, aux cercles clintoniens, au système en général : bref celui qui s’avance et chante sur tous les airs qu’il est neuf n’est plus un perdreau de l’année. Mais dans un temps où les têtes de gondole sont décapitées et où prospère un populisme, Emmanuel Macron joue non sans habileté son rôle « révolutionnaire » (c’est le titre de son ouvrage) et devant une nation hébétée et des cercles gavés à la mondialisation libérale, sa posture prend d’autant mieux que le discrédit sur les deux partis, socialiste, Républicains, s’épaissit. Emmanuel Macron serait en quelque sorte une espèce de parti 5 étoiles mais dans sa version luxe et faussement policée et attentionnée. Emmanuel Macron est aussi le champion de celles et ceux qui souhaitent voir s’établir un parti pro-européen s’appuyant autant sur la gauche que la droite et le centre. Mais le discrédit de l’Union européenne est suffisamment lourd pour qu’il ne puisse pas avancer trop à découvert : aussi parle-t-il de tous les sujets périphériques et caresse les uns, les autres. Jusqu’où ira ce populisme de comédie ?

Jean Vinatier
Seriatim 2017


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