L’affrontement entre les deux anciens jeunes rocardiens et ex-ministres
de François Hollande, Benoît Hamon et Manuel Valls s’est terminé par la
victoire du premier sur le second ; commencent, désormais, les départs et
les combinaisons internes au parti socialiste et à la gauche dont Jean-Luc
Mélenchon veut tenir ferme le gouvernail tandis qu’Emmanuel Macron se pourlèche
les babines à l’idée de s’élever davantage dans les airs.
Macron, ancien secrétaire général-adjoint de l’Elysée, ministre de l’Economie
de François Hollande a réussi, jusqu’à présent, le tour de force, d’empêcher qu’on
vienne lui reprocher son action durant le quinquennat. Sans doute espéré par le
Président de la République comme une sorte de tapir aspirant au centre, à
gauche, droite pour son bénéfice, voici Emmanuel Macron, officiellement
émancipé de son mentor, ne disant que peu mais s’élevant dans les airs, porté
aux nues par des médias dont les propriétaires le couvent et ne tarissent pas d’éloges
flatteurs. Il a joui de ne pas se dévêtir tant que les primaires se
déroulaient. Cette page-là terminée, il devra quitter le profond du bois pour
la pleine lumière escomptant que tous lui tombassent dessus, grandissant encore
son côté martyr et victime totale s’attirerait la compassion.
Emmanuel Macron est un acteur clés, comme Hamon et Valls, du
quinquennat désastreux qui se termine, acteur politique parfaitement soumis à
Berlin où il fit en anglais un discours louangeur sur les flux migratoires, aux
cercles clintoniens, au système en général : bref celui qui s’avance et
chante sur tous les airs qu’il est neuf n’est plus un perdreau de l’année. Mais
dans un temps où les têtes de gondole sont décapitées et où prospère un
populisme, Emmanuel Macron joue non sans habileté son rôle « révolutionnaire »
(c’est le titre de son ouvrage) et devant une nation hébétée et des cercles
gavés à la mondialisation libérale, sa posture prend d’autant mieux que le
discrédit sur les deux partis, socialiste, Républicains, s’épaissit. Emmanuel
Macron serait en quelque sorte une espèce de parti 5 étoiles mais dans sa
version luxe et faussement policée et attentionnée. Emmanuel Macron est aussi
le champion de celles et ceux qui souhaitent voir s’établir un parti
pro-européen s’appuyant autant sur la gauche que la droite et le centre. Mais
le discrédit de l’Union européenne est suffisamment lourd pour qu’il ne puisse
pas avancer trop à découvert : aussi parle-t-il de tous les sujets
périphériques et caresse les uns, les autres. Jusqu’où ira ce populisme de comédie ?
Jean Vinatier
Seriatim 2017
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