The Donald désormais empereur du Potomac gouverne urbi et orbi par
tweet biffant d’un geste les relais
médiatiques, c’est-à-dire le filtre et ce procédé n’est ni sans force, ni sans brutalité.
Mais ce n’est pas cette façon d’agir et de faire qui alimente les courroux aux
Etats-Unis et dans le monde anglophone. Lors de la campagne présidentielle,
Donald Trump répétait ici et là qu’il abrogerait tous les traités
transnationaux, qu’il veillerait à contraindre les entreprises nationales à se réinstaller,
qu’il mettrait en place un protectionnisme plus performant que celui existant.
Donald Trump savait bien qu’en mettant en pratique des promesses électorales,
il se heurterait à tous les tenants d’une mondialisation reposant sur le mode
de l’économie à flux tendu qui ne fonctionne qu’à la condition que d’un bout à
l’autre de la chaine nul obstacle ne vienne ralentir ou arrêter le cheminement
de la production. L’économie globale ne saurait être avec une frontière au
nom de la liberté migratoire des hommes, des individualités, des capitaux, des
produits. Les Etats-Unis étant le centre de l’économie-monde, il était, obligatoirement,
insupportable qu’un Donald Trump batte Hillary Clinton puis applique son
programme. Son décret instaurant une interdiction de territoire pour 90 jours
aux ressortissants musulmans de sept pays, arabes, iranien, soudanais,
somalien, sous couvert de sécuriser les Etats-Unis est assimilé à une bataille
contre les flux migratoires (mur avec le Mexique). Pour les opposants à Donald
Trump, c’est le moment idoine pour relancer toutes les manifestations qui
eurent lieu en Amérique pendant tout l’intermède présidentiel.
S’opposent également d’un côté les multinationales, de l’autre les
petites et moyennes entreprises : les premières ayant un intérêt évident à
montrer des salariés-monde pour asseoir leur communication institutionnelle ;
les secondes plus rétives aux traités transnationaux regardés comme nuisibles
approuveraient un cadre plus protégé.
Des cercles très puissants et propriétaires des groupes de médias
abreuvent les populations en les persuadant du bienfait de leur doxa alors même
que s’accroissent les concentrations de richesses, les inégalités, les déséquilibres
sociétaux, les déplorables conditions de travail (voir l’affaire Amazon en
Ecosse). Au milieu de tout ce brouhaha : le migrant et son corollaire le
nomade occidental deviennent des symboles vivants et « martyrs » de
cette économie monde.
Les trumpistes de même que les lecteurs britanniques ayant voté pour le
Brexit entendent sécuriser leur identité respective et donc leur
souveraineté, souveraineté incompatible dans l’économie-monde.
Jean Vinatier
Seriatim 2017
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