La courte visite effectuée
par la chancelière allemande à Washington a officiellement montré le peu de cas
que faisait le Président Trump de l’Union européenne en générale et de la
représentante berlinoise en particulier et sur un point plus précisément :
l’OTAN.
Création totale des
Etats-Unis d’Amérique acceptée par une Europe (et une Turquie) qui n’était ni
une Communauté économique et moins encore une Union, justifiée par le péril
rouge, l’URSS. Depuis lors, cette organisation ne cessa de grossir au fur et à
mesure que l’Europe veillait à devenir un vaste espace de libre circulation des
hommes et des capitaux, avalant tous les anciens pays du pacte de Varsovie, les
pays Baltes en plus. L’OTAN fut le compagnon armé de cette excroissance.
L’Union européenne est restée
clintonienne quand Donald Trump propose une mise à plat des moyens financiers
engagés par les Etats-Unis auprès des Etats européens pour assurer leur
sécurité commune. Est-ce à dire que la Maison Blanche cherche à fracasser son
propre outil ? Il est bien difficile de répondre à cette question tant un
certain désordre règne dans la capitale américaine : on est à l’heure des règlements
de compte et de l’essai de mettre en place une nouvelle stratégie. Pour l’heure
bien malin est celui qui pourrait dire clairement les tenants et les
aboutissants de cette administration.
L’année 2017 est un moment,
électoralement (Pays-Bas, France, Allemagne), par l’enclenchement du Brexit le
29 mars prochain, par le maintien de sanctions vis-à-vis de la Russie qui se
veulent la garantie du maintien du pouvoir ukrainien issu du coup d’Etat de
Maidan, par le devenir de l’Euro.
En dépit de tous les
désaccords entre l’Europe et Donald Trump, on ne voit nullement bouger les lignes et encore moins
la remise en cause de l’OTAN. L’Allemagne est, aujourd’hui, la puissance
européenne mais, et la visite d’Angela Merkel à Washington le confirme, n’entend
pas se faire l’avant-garde d’une structure de défense commune autonome de l’OTAN.
Qui l’entendrait parmi les 27 ?
L’Allemagne a ceci de
commun à l’Union : le seul maintien d’une force économique l’intéresse et
hantée, par les deux guerres mondiales, sans doute répugne-t-elle à être un fer
de lance. Pourtant, au regard de ce qui passe de l’autre côté de l’Atlantique,
des calculs russes vis-à-vis de la Chine, en Syrie, au Maroc, du chantage turc,
il y aurait une carte à jouer. Cela supposerait que par magie ou un « soyons
fou » collectif Berlin et les 27 autres prissent conscience de tous les
atouts dans leur manche pour briser solennellement les tables de l’OTAN qui
étouffent stratégiquement notre continent, lui ôtent toute ambition politique
et donc la souveraineté. L’Union européenne n’est pas une nation, un Etat pas
davantage, peine à concevoir l’existence des frontières et se montre, donc
incapable d’intégrer des migrants. La peur russe par toute l’Europe de l’Est et
de la Baltique joue comme un catalyseur paralysant pour poser les fondamentaux
d’une Union capitaine de son propre traité militaire. Il faudrait à l’Europe le
quadruple effort, historique, religieux, politique et intellectuel. Tâche titanesque au
vu de l’esprit de soumission et de conformisme des élites européennes. La
conscience de vassalité l’emporte sur celui de l’indépendance.
Si Hillary Clinton voyait
dans l’OTAN un moyen de tenir l’Europe en l’impliquant dans des guerres toujours
plus lointaines, Trump, au nom de retour de puissance américaine, ne voudrait
plus que l’OTAN lui coute : aux Européens de casquer, aux Etats-Unis de
tenir les leviers et les postes clefs militaires. Tant que l’Union européenne n’opérera
pas son aggiornamento, elle sera un corps sans bras. Le passage de l’OTAN à l’Europe
n’a pas encore ses relayeurs et pour notre plus grand malheur.
Jean Vinatier
Seriatim 2017
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