Alors
que le premier tour de la campagne présidentielle se termine, le dossier
européen revient sur le devant de la scène. D’abord en Angleterre quand le
Premier ministre Teresa May annonce des
élections législatives anticipées le 8 juin prochain (la France sera en pleine
campagne électorale) afin de disposer d’une large majorité pour mener à bien la
sortie du royaume de l’Union européenne. Londres se met donc en rang de
bataille et nul doute que les carrés britanniques tiendront aussi bien qu’à
Waterloo. Ensuite en Turquie, quand le Président Erdogan obtient l’approbation
des Turcs pour le renforcement de ses
pouvoirs et annonce dans la foulée une possible seconde consultation sur
l’adhésion ou pas à l’Union européenne. Détail qui a son importance, les Turcs
vivant en Europe ont très largement approuvé la consultation ce qui fournit et
fournira à Erdogan des atouts non négligeables lors de prochaines négociations
avec Bruxelles et Berlin. L’Allemagne, enfin, qui ne néglige pas les élections
de septembre et affronte la délicate question de la présence des migrants et
surtout de l’autorisation accordée par la chancellerie de faire venir leurs
familles sans passer par un processus administratif : l’éventualité d’une
ruée migratoire n’est plus à écarter sur fond des guerres en Syrie et de la
duplicité turque.
Quant
à la France bien malin est celui qui pourrait dire comment se prononceront les
électeurs. Un petit fait, lors du dernier office dominical le curé de
Notre-Dame des Anges d’Angles en Vendée à, en chaire, prévenu ses ouailles
contre la tentation de choisir un candidat uniquement sur son aspect physique
et son langage fleuri. L’avertissement lancé par ce prêtre d’une humble commune
est en réalité bien sérieuse. Il suffit d’écouter autour de soi et
indépendamment des âges, des conditions sociales, des quartiers pour relever le
mélange d’inquiétudes diverses et du lâche soulagement à donner son bulletin à
un Saint-Jean Bouche d’Or qui hypnotise les publics par les seuls éléments de
langage.
Dans
ce climat que nos médias affectent de ne pas croire trop néfaste, l’Union
européenne est, en réalité une citadelle assiégée : à l’Est par les Turcs,
à l’Ouest par les Britanniques lesquels entendent bien en se séparant du
continent de tout faire pour que Bruxelles ne se renforce pas. En son centre,
enfin, où les citoyens ne savent plus s’ils doivent le rester ou bien laisser
la place à d’autres : la question identitaire jamais abordée dans la
campagne électorale française (pas davantage en Allemagne) s’avance pourtant
avec la légèreté du pachyderme. Quant aux églises chrétiennes (catholique et
protestante principalement) hormis de nous dire d’ouvrir toutes nos portes et
de nous défaire, l’éparpillement des âmes est en action.
Un
royaume chrétien, le Royaume-Uni, quitte l’Union européenne, une république Turque
de plus en plus musulmane voudrait y entrer selon ses vues. Entre la Reine et
le Sultan, l’Union européenne, elle-même sous la férule de Berlin qui ne pense qu’à…l’Allemagne, est une bâtisse
ouverte aux quatre vents sans clef de voute.
Jean Vinatier
Seriatim 2017
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