Le
Far West s’étend au monde ! L’utilisation supposée par l’armée syrienne d’armes
chimiques dans la province d’Idlib à Khan Chakhoun contre des « rebelles »
a déclenché une riposte américaine hors toutes les lois internationales. Sans
attendre un rapport d’enquête, sans attendre le moindre avis de l’ONU, Donald
Trump a donné l’ordre d’envoyer 59 missiles contre la base syrienne d’Al-Chaayrate
ou Shayrat. Résultat : 4 tués et quelques avions détruits !
Cette
soudaineté américaine trouve sa source dans la véritable guerre interne qui se
déroule à Washington entre les pro et les anti-Trump. Si les médias français
prennent grand soin de taire tout ce qui pourrait déconsidérer l’empire du
Potomac, il n’empêche qu’une bataille quasiment au sens propre s’y déroule.
Donald Trump n’est pas encore maître de l’administration et des leviers qui
habituellement basculent automatiquement du côté du Président élu. La victoire
de Donald Trump n’a pas entraîné cette acceptation : Barack Obama a
constitué un shadow cabinet, les démocrates fourbissent leurs armes et les
Républicains qui devraient s’unir se disputent la primeur du coup de pied de l’âne
contre le Président. Le climat de l’autre côté de l’Atlantique est délétère
rendant cette puissance dangereuse. On indique ici et là que Donald Trump aurait
opté pour le bombardement en Syrie pour redorer son blason, défier son
prédécesseur, masquer implicitement l’implication des Russes dans la campagne
électorale. Tous ces arguments soulignent une fois de plus la redoutable pièce
de théâtre en cours aux Etats-Unis. On se plaît à nous dire que le dirigeant
nord-Coréen est imprévisible mais que dire de Washington décidant de régler ses
comptes à l’extérieur en violant la souveraineté d’un pays, en redonnant de la
force aux djihadistes censés être combattus…par la Maison Blanche ! Autre
argument qui pourrait être retenu : les nombreuses victimes civiles à
Mossoul, bataille dont on nous distille les informations. Cette conquête est
censée être pure, elle ne l’est évidemment pas, tout comme la guerre au Yémen
également disparue des écrans radars !
Cette
affaire syrienne affiche publiquement le danger à laisser une puissance s’arroger
le droit de faire ce qui bon lui semble et plus grave encore de constater l’impuissance
de toutes les autres.
Les
Etats-Unis dérèglent le monde sans déplaire aux dirigeants européens tous compréhensifs,
eux qui vomissaient Donald Trump quelques mois plus tôt ! L’Union
européenne encourage aussi au dérèglement, au désordre. Ces lignes ne donnent
pas quitus à Bachar Al-Assad, le régime alaouite ayant donné bien des preuves
de grande violence pendant le gouvernement d’Hafez Al-Assad, elles visent à poser
la question de la pertinence d’institutions internationales, de règles juridiques,
de la juste application du droit. Ce sont ces mêmes puissances à l’origine du
droit international qui le bafouent. Faire du monde un immense OK Corral,
est-ce à cela qu’aboutirait la convention de San Francisco de 1945 ?
Jean Vinatier
Seriatim 2017
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire