Alors que les derniers jours de la campagne des législatives occupent
les médias et les populations, l’Union européenne ne cache quasiment plus
l’inquiétude des flux migratoires depuis l’Afrique où la Libye est le port
d’embarquement. Le grand espoir de l’Union européenne serait que la Libye
jouasse la même partition que la Turquie. Mais encore faudrait-il qu’il y eut
un Etat libyen ? Il n’y en a pas car détruit par la France et l’OTAN en
2011 : depuis cette date les dizaines de milliers de morts et les
émergences de tel ou tel seigneur de guerre ont fait de ce pays un champ de
ruine. La récente libération d’un des deux fils de Mohammed Kadhafi
annoncerait-il un nouveau jeu de cartes ?
A la différence de la Turquie, sous la férule d’un Erdogan qui peut
ouvrir ou fermer les frontières d’un signe de la main et qui pour l’heure ne
déçoit ni Bruxelles, ni Berlin, la Libye a trop de maîtres et des dizaines de passeurs prêts à
tout y compris celui de perdre les migrants une fois leur écot acquitté. C’est
pourquoi Bruxelles envisagerait d’établir des camps sur le sol libyen pour
distinguer qui et qui. Mesure de bon sens qui obligerait à une force militaire complète
faute d’une autorité reconnue. L’Union européenne aurait alors la tâche d’assumer
le refus du passage. Pour compléter ce choix, il conviendrait de contrôler,
également, les routes caravanières de l’arrière-pays libyen, mission que la France
pourrait tenir appuyée par Bruxelles. Dans ce dossier des migrations, ouvrir ou
fermer une porte ne se suffit pas, il est nécessaire de regarder une carte, de
s’assurer des routes, de savoir les dispositions des dirigeants des pays
concernés. L’Europe elle-même, ne peut plus se contenter du propos humanitaire.
Elle doit dire publiquement ce dont elle a besoin mais aussi agir auprès des
Etats, ici, africains pour que de telles migrations se tarissent sinon se
régulent : serait-ce possible au vu des projections démographiques d’ici
2050 où ce contient compterait près de 2,5 milliards d’humains ? En un
mot, pour l’Union européenne, il est vital d’avoir la maîtrise des migrations :
d’être politique et stratège.
Jean Vinatier
Seriatim 2017
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