L’Arabie saoudite vient d’abolir la succession adelphique sans demander l’aval de telle ou telle
puissance extérieure : ne doutons pas que ce choix opéré par l’actuel roi
soit, également, la conséquence de nouvelles donnes géopolitiques dans le
moment de la guerre désastreuse et inhumaine au Yémen et du conflit avec le
Qatar ; quand, aussi, Donald Trump essaie par divers moyens d’empêcher la
Chine de recréer une Route de la Soie : l’enjeu vital américain étant de « saisir »
l’Asie de Pékin à Ryad.
Ainsi ce qui se déroule dans la péninsule arabique ne peut être
localisée à sa seule aire géographique, il est nécessaire d’y inclure l’Asie en
son entier jusqu’à la Corée du Nord.
En sus de rivalités ancestrales entre le Qatar et l’Arabie des Séoud,
bien cultivées par les Britanniques, se cachent, mais si peu, des objectifs
énergétiques et monétaires de premier ordre. Quand Doha choisit de libeller ses
exportations énergétiques avec la Chine en renminbi au lieu et place des
dollars, il pourrait déstabiliser un jeu de cartes. De même quand Donald Trump
met en scène la crise avec la Corée du Nord, il escompte, notamment,
contraindre la Chine et la Russie à consacrer hommes et argent à contenir un
dirigeant peu recommandable et n’être plus les acteurs sur le point axial de l’espace
mésopotamien, grossièrement, de Bassora à Alep. La Turquie et l’Iran,
puissances apparemment périphériques mais puissances historiques indéniables
activent ou désactivent au grès de leurs ambitions propres des tensions et, naturellement,
Israël n’échappe pas à cet Orient ondulant et éruptif.
Les articles ci-dessous ne traitent pas de l’ensemble des questions
géostratégiques considérables mais proposent seulement des lectures, des points
de vue sur l’Arabie Saoudite au travers d’une tension entre elle (et ses alliés)
et le Qatar, de la relation entre le Qatar et l’Iran.
1-« Dans les coulisses du château de cartes
saoudien par Pepe Escobar »
« Au moment même où les
spécialistes de la géopolitique parient sur un changement de régime au Qatar,
orchestré par une maison des Saoud au désespoir, c’est à Riyad qu’il a eu lieu,
orchestré par le prince guerrier, destructeur du Yémen et instaurateur du
blocus du Qatar, Mohammed ben Salmane (MBS).
Étant donné l’opacité qui caractérise cette oligarchie familiale du fin
fond du désert, qui regorge de pétrodollars et qui se fait passer pour une
nation, il ne faut se fier qu’aux rares étrangers ayant eu droit de visite pour
se faire une idée du jeu
des trônes en cours. Ce qui n’arrange en rien les choses, les
« largesses » des lobbys saoudien et émirati à Washington ont
également réussi à transformer pratiquement tous les groupes de réflexion et
les journalistes en simples lèche-bottes.
Une source importante au Moyen-Orient proche de la maison
des Saoud, qui remet donc en cause le consensus à l’intérieur du
périphérique à Washington, ne mâche pas ses mots : « La CIA est fort
mécontente du limogeage de [l’ancien prince héritier] Mohammed ben Nayef.
Mohammed ben Salmane est perçu comme un commanditaire du terrorisme. En avril
2014, les USA comptaient écarter du pouvoir les familles royales des États
arabes unis (EAU) et de l’Arabie saoudite au complet en raison du terrorisme.
On a trouvé un compromis en vertu duquel Nayef devait prendre les rênes du
Royaume pour y mettre fin. »
Avant le coup d’État de Riyad, le topo qui prévalait dans certains cercles
géopolitiques du Moyen-Orient était que les services secrets des USA avaient
« indirectement » stoppé un autre coup d’État contre le jeune émir du
Qatar, cheikh Tamim al-Thani, orchestré par Mohammed ben Zayed, le prince
héritier d’Abou Dhabi, avec l’aide de l’armée de mercenaires de
Blackwater/Academic d’Eric Prince aux EAU. Il se trouve que Zayed est le mentor
de MBS, ce qui n’est pas rien. »
La suite
ci-dessous :
2-« Un rapprochement public
saoudo-israélien pourrait se retourner contre Riyad par Andrew Korybko
« Il y a longtemps que l’Arabie saoudite et Israël coopèrent l’un avec l’autre contre leur rival
iranien commun, et que leurs liens stratégiques avec les États-Unis sont
ce qui les rapproche. Cependant, en raison des sensibilités politiques des deux
côtés, aucun des deux n’a formellement reconnu l’existence de cette
coordination en coulisses, et encore moins leur pays respectif. Néanmoins,
des rapports ont circulé au cours des derniers mois indiquant que Trump et son
équipe travaillent fort dans les coulisses pour rassembler publiquement les
deux afin de cristalliser plus solidement ce qui s’est avéré être une coalition
anti-iranienne très fragile et désunie. »
La suite ci-dessous :
3-« Ajustements au
Moyen-Orient par Thierry Meyssan »
« La crise diplomatique
autour du Qatar a gelé divers conflits régionaux et a masqué des tentatives de
règlements de quelques autres. Nul ne sait quand aura lieu le lever de rideau,
mais il devrait faire apparaître une région profondément transformée. »
La suite ci-dessous :
4-« Et si la crise du Qatar profitait à
l’Iran ? par Amélie-Myriam Chelly »
« Le 20 mai 2017, la République islamique d’Iran a conforté son
choix de la modération et de l’ouverture dans le concert des nations par la
réélection de Hassan Rohani à la présidence. Cette réaffirmation a eu lieu au
moment où l’administration américaine se positionnait clairement du côté de
l’Arabie saoudite, le grand rival de l’Iran dans la région.
Non seulement Donald
Trump a choisi Riyad pour son premier déplacement officiel à l’étranger, au
lieu du Canada ou du Mexique comme le veut la tradition, mais il a effectué ce
voyage le jour même du tour
unique de l’élection présidentielle iranienne. Et il a saisi l’occasion
pour appeler devant 54 représentants de pays musulmans — dont 37 chefs
d’État ou de gouvernement — à un isolement de l’Iran, que Trump considère comme
un foyer du terrorisme. »
La suite ci-dessous :
Jean Vinatier
Seriatim 2017
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