Au sortir de la guerre de Succession d’Espagne (1701-1713), de la
guerre du Nord (1700-1721) le XVIIIe siècle européen, dans son premier quart, tenta
par une politique de congrès, Cambrai 1722-25, de Soissons 1728-1729 de réunir
les principales puissances de ce temps afin de conjurer des conflits. Cette
diplomatie des congrès qui n’empêchèrent ni les guerres ,de succession de
Pologne (1733-1738), d’Autriche ( 1740-1748), de Sept ans (1756-1763) eurent le
mérite de vouloir prolonger les grands principes établis au moment des traités
de Westphalie et d’Osnabrück qui mirent un terme à trente années d’horreur
(1618-1648) sur le continent, d’installer cahin-caha l’idée d’équilibre
européen dont Vergennes sera le grand plaideur et au nom duquel, de concert
avec la Russie, il fit la ligue des Neutres convainquant Londres de sa vanité d’abattre
les futurs Etats-Unis et son élève Talleyrand ne l’oubliera pas au congrès de
Vienne de 1814, congrès dont tous les diplomates avaient été formés à l’école diplomatique
de Strasbourg (1752-1789) fondée par l’historiographe du Roi Louis XV, Jean-Daniel Schoepflin.
Depuis Valéry Giscard d’Estaing qui eut l’idée des réunions de Groupe ou
G 5, 6, 7, 20 pour tenir les questions
du monde, les puissances se retrouvent au même point que les siècles précédents
rappeler des principes et des frontières à cette différence notable, qu’aujourd’hui,
tout est à l’échelle de la planète. On pourrait, comme le firent les contemporains
des congrès de Cambrai, de Soissons se moquer des bals et des festins mais le
seul moment pendant lequel l’homme retrouve une urbanité et délaisse, un peu
son animalité, c’est précisément en faisant table commune ou ronde avec ses
pairs. Il y a donc toujours quelque chose de vain dans ces réunions mais elles
obéissent à une loi naturelle.
Le G20 de Hambourg n’a manqué ni des
casseurs, acteurs sans lesquels le sommet n’aurait pas sa publicité, ni ses
petits faits qui suffisent à agiter les gazettes. Cependant, le G20 pourrait
être un marqueur d’abord par le fait que la mondialisation à tout prix met un
bémol, Barack Obama, quelques jours avant lors d’un discours en était à espérer
que ses idées « mondialisantes » perdureraient. Angela Merkel, sa
fervente admiratrice, ne les reprit pas. Au contraire, à travers le communiqué
actant la sortie des Etats-Unis des Accords de Paris, les 19 admirent qu’un
Etat souverain pouvait faire bande à part quand bien même les principes
inscrits dans lesdits accords étaient irréversibles mais, non contraignants :
n’étaient-ce point Barack Obama et John Kerry son secrétaire aux affaires étrangères
qui avaient exigé cela ? Le grand dam dont on accuse Donald Trump ne s’appuie
donc pas sur des étais puissants….
Quant à la rencontre Trump/Poutine, elle est
symbolique. D’abord pour le Président américain qui, maintenant que CNN est à
terre, s’estime victorieux des combats menés par ses opposants, un mélange de
Républicains et de Démocrates, et peut donc symboliquement par sa rencontre
avec le chef d’Etat russe afficher son choix sans que l’Europe ne pipe mot…et
ne renonce aux sanctions contre la Russie tout en voulant commercer avec elle…Ensuite
pour Vladimir Poutine, l’exclu des G 8, évidemment ravi de reprendre langue avec les
Etats-Unis. Il convient de savoir que depuis la paix de Gand, qui mettait en
terme à la seconde guerre anglo-américaine en 1814, Alexandre Ier proposait à
James Madison de se partager le monde. C’est bien aux Etats-Unis que le tsar
Alexandre II céda l’Alaska et ce sont les Américains, à la demande de Nicolas
II, qui furent les médiateurs entre lui et le Japon en 1905 à Portsmouth (Pour
la petite histoire tout le texte du traité fut rédigé en Français…). Idem en
1945 lorsque Etats-Unis et Union soviétique se crurent revenus au temps du
traité de Tordesillas (1494) quand Espagne et Portugal se partageaient les
zones de conquête. C’est peu dire que pour Vladimir Poutine cette rencontre
avec Donald Trump est pour lui un juste retour à la normale historique. Il faut
mesurer le poids de ce genre de chose, ce que l’Union européenne ne veut
surtout pas…
Le G20 se tenant en Europe à Hambourg,
Donald Trump ne l’oubliant pas, eut à cœur d’aller, d’abord en Pologne qu’il
désigna comme Etat âme du continent. Un geste non anodin car Washington
souhaiterait qu’une union des Etats allasse de l’Adriatique à la Baltique, une
façon de fermer à l’Allemagne une partie de ses ambitions Ukraino-Carpatiques : l’OTAN venant de
commencer (ô hasard d’entamer de fragiles négociations d’adhésion avec Kiev),
de contenir aussi la Russie. Cet exemple pour dire que Donald Trump, tout en
étant protectionniste n’oublie pas du tout qu’il est à la tête de la première
puissance et qu’il préside l’OTAN. Vis-à-vis du Royaume-Uni, le Président
américain proposerait à Teresa May un accord commercial global, s’il se réalisait,
la dame du 10 Downing Street, disposerait de nouveaux atouts considérables (la
reine du Canada est Elisabeth II or Toronto a conclu l’accord libre-échangiste
avec Bruxelles) supplémentaires face à Bruxelles.
Si l’on retiendra quelque chose de ce G20 c’est
sans doute que l’Union européenne aura été bien traversée : n’est-elle pas
un espace ? avec des arrière-pensées que nous ne conduisons pas ! La
chancelière germanique, Angela Merkel, les yeux rivés sur les élections de
septembre à une marge de manœuvre moindre : d’un côté elle doit se montrer
inflexible sur ses principes pour complaire à sa base électorale, de l’autre
elle entend garder un leadership européen dont elle dispose par la présence d’Allemands
à tous les niveaux décisifs de Bruxelles au détriment de la France. Mais son
désaccord public avec Donald Trump et sa non-politique avec la Russie lui lient
plus les mains sans compter que l’arrivée
au pouvoir de Monsieur Macron la laisse pour l’heure sceptique. Aussi
laisse-t-elle dire sur le couple franco-allemand très populaire à Paris. La chancelière n’a pas d’autre horizon que la
satisfaction de la Rhür et le Hinterland. Et la France dans ce G20 ? A l’instar
de son Président qui cherchait, pour la photo, une bonne place et non sa place,
auprès du Président américain, la France n’est ni amarrée ni ne largue les
amarres, elle gite c’est-à-dire connait l'inclinaison transversale causée par
un phénomène intérieur (mouvement de poids de la dette à l'intérieur du navire France),
par un phénomène extérieur, le vent de l’Histoire.
Jean Vinatier
Seriatim 2017
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