« Un quart de siècle après l’établissement des relations
diplomatiques entre l’Inde et Israël, Narendra Modi est attendu pour la
première fois en Israël le 4 juillet. Un événement qui marque le
rapprochement spectaculaire entre les deux pays.
C’est la première visite d’un chef de gouvernement indien, le véritable
détenteur du pouvoir selon la Constitution indienne, en Israël où vivent près
de 70 000 juifs originaires d’Inde1.
Narendra Modi, porte-flambeau du nationalisme hindou, n’a jamais caché son
admiration pour Israël, où il s’est déjà rendu en 2006 lorsqu’il dirigeait
l’État indien du Gujarat. Ni son évidente proximité idéologique avec le premier
ministre israélien Benyamin Nétanyahou, fondée sur le nationalisme hindou pour
le premier, juif pour le second, chacun respectant en l’autre l’« homme fort »
qui conçoit la politique avant tout comme un rapport de forces.
Les idéologues des deux pays exultent. Pour eux, le voyage du
4 juillet scellera de façon spectaculaire la complicité de deux visions
ethnonationalistes. Depuis son élection en 2014, Narendra Modi poursuit une
politique identitaire qui tend à marginaliser les quelque 14 % de musulmans du pays. « Le concept d’Israël comme maison naturelle des
juifs du monde entier, un endroit où ils ont un droit de naissance, est un des
fondements du sionisme. On ne peut s’empêcher de le comparer au concept selon
lequel l’Inde est la maison naturelle des hindous du monde entier, un endroit
où, eux aussi, ils ont un droit de naissance », écrit
par exemple Vivek Dehejia, professeur à l’université Carleton d’Ottawa,
membre d’une nouvelle génération d’intellectuels nationalistes indiens. Même
fraternité de pensée en Israël : « Les hindous et les juifs, dominants dans les deux États font face chez eux
à des minorités musulmanes significatives. Ils pratiquent tous deux des
religions qui ne sont pas usuelles dans le reste du monde. Leurs minorités,
150 millions de musulmans en Inde et 1,7 million en Israël posent des
défis majeurs aux deux pays », écrit le politologue
Jonathan Adelman dans le quotidien israélien en anglais The
Jerusalem Post.
En revanche, pas de réaction de personnalités musulmanes indiennes, plus
préoccupées par la montée de l’islamophobie et les lynchages de musulmans par
des milices sous prétexte de « protection des vaches », animal sacré pour les hindous (le premier
ministre a tardivement réagi
à ces crimes) »
La suite ci-dessous :
Jean Vinatier
Seriatim 2017
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