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dimanche 3 septembre 2017

Molière au duc d’Orléans, frère unique du Roi 24 juin 1661 N°4303 11e année



Pour annoncer l’Ecole des maris, Molière, ni courtisan, ni flagorneur, adresse une dédicace de toute beauté et de toute habileté au frère de Louis XIV.
Je voulais un texte court pour recommencer Seriatim et si possible en me ressourçant dans le Grand siècle celui que nous vivons ne l’étant absolument pas.

« Monseigneur,
Je fais voir ici à la France des choses bien peu proportionnées. Il n’est rien de si grand et de si superbe que le nom que je mets à la tête de ce livre, et rien de plus bas que ce qu’il contient. Tout le monde trouvera cet assemblage étrange ; et quelques-uns pourront bien dire, pour en exprimer l’inégalité, que c’est poser une couronne de perles et de diamants sur une statue de terre, et faire entrer par des portiques magnifiques et des arcs triomphaux superbes dans une méchante cabane. Mais Monseigneur, ce qui doit me servir d’excuse, c’est qu’en cette aventure je n’ai aucun choix à faire, et que l’honneur que j’ai d’être de Votre Altesse Royale m’a imposé une nécessité absolue de lui dédier le premier ouvrage que je mets de moi-même au jour.
Ce n’est pas un présent que je lui fais, c’est un devoir dont je m’acquitte ; et les hommes ne sont jamais regardés par les choses qu’ils portent. J’ai donc osé, Monseigneur, dédier une bagatelle à Votre Altesse Royale, parce que je n’ai pu m’en dispenser ; et, si je me dispense ici de m’étendre sur les belles et glorieuses vérités qu’on pourrait dire d’Elle, c’est par la juste appréhension que ces grandes idées ne fissent éclater encore davantage la bassesse de mon offrande. Je me suis imposé silence pour trouver un endroit plus propre à placer de si belles choses ; et tout ce que j’ai prétendu dans cette épitre, c’est de justifier mon action à toute la France et d’avoir cette gloire de vous dire à vous-même, Monseigneur, avec toute la soumission possible que je suis,
De Votre Altesse Royale,
Le très humble, très obéissant
Et très fidèle serviteur,

J.B.P. Molière. »

Source :
Jouanny (Robert) : Théâtre complet de Molière, Paris, éditions Garnier Frères, s.d, p.318


Jean Vinatier
Seriatim 2017

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