L’eau continue de monter en Europe….L’Allemagne entrée dans une crise
politique majeure à la surprise presque générale depuis le 24 septembre, et cet
étonnement redouble à la vue de la chancelière ne parvenant pas à former, ce
dimanche 19 novembre, un gouvernement de coalition. Angela Merkel lâchée par
les libéraux de Christian Lindner envisagerait tout de même de conduire la CDU
(sans la CSU ?) si des élections anticipées se déroulaient au début de
2018 à moins, d’ici là, de former un gouvernement minoritaire: geste de
communication ou volonté bien installée ? Quel que soit le scénario retenu,
quelle que soit l’analyse de ce qui se déroule en Allemagne, l’Union européenne
entre dans la tourmente : Angela Merkel, clef de voute de Bruxelles n’est
plus ce vaisseau amiral insubmersible. Nul doute que l’électeur allemand
regardera avec soin ce qui se déroule en Autriche où le futur jeune chancelier Sébastian
Kurz acte les points d’accords avec le FPÖ Quand bien même emporterait-elle les
futures législatives, elle ne détiendrait plus cette flamme magique qui
impressionna tant, Emmanuel Macron ne l’avoue-t-il pas imprudemment : « sans
Berlin, il serait bien faible » : le « Next leader » en
couverture du Time pâlirait-il déjà !
L’Union européenne affaiblie par le vote pro-Brexit et la victoire de
Donald Trump, reçoit un coup de dague supplémentaire depuis l’Allemagne, le
centre névralgique de l’Europe mondialiste. Après tout, les Allemands sont-ils
si mondialistes ? L’ouverture des frontières par la chancelière a été très
mal ressentie et sans doute paie-t-elle, notamment sur ce point, cette erreur
politique.
Où que l’on se tourne sur le continent, c’est l’identité qui revient,
remonte à la surface. Une identité source sécessionniste (Catalogne) et source
d’union (Espagne) : l’Union européenne est prise entre le marteau et l’enclume,
elle ne satisfait ni les laudateurs de la disparition à venir des
Etats-nations, ni les apologistes du régionalisme,
faute de choisir. A ce stade, c’est l’Union européenne qui n’a plus d’identité quand
les peuples des Etats-nations la revendiquent à nouveau, comme on peut le noter
en Pologne, Hongrie, Pays Baltes…etc. L’Union happe la dimension politique de
chaque Etat-nation qui la compose et se refuse à en produire une. L’Union
européenne est sans âme, une froide plateforme économique, financière et
humaine, sans distinction d’origine.
Quant à Macron, placé là par la conjuration des avides ou mondialistes,
il mange son pain blanc avec beaucoup d’application et de constance alors que l’opposition
est, pour l’heure, sans voix. Son programme se résume à la phrase de Guizot,
ministre de Louis-Philippe Ier: « Enrichissez-vous !» quant
à sa politique extérieure, elle illusionne comme on le relève, par exemple, dans
le cas de Saad Hariri : croire un instant que le Premier ministre
démissionnaire du Liban, homme lige des Séoud serait la baguette magique qui
rouvrirait à la France les portes de l’Orient et pourquoi pas de la Syrie, laisse
quelque peu pantois sauf à être le postier de Ryad. Si Emmanuel Macron a pu
accueillir Saad Hariri, c’est parce que le descendant d’Ibn Séoud le veut bien
et que ce geste adoucit la mise aux arrêts d’une kyrielle de princes (ses
cousins), de ministres et dignitaires du royaume.
Emmanuel Macron a appuyé autant qu’il l’a pu sur le côté politique de
sa vision de l’Union européenne( discours en Sorbonne) qui effraie, par
principe, outre-Rhin, il devra compter sur ses propres forces avec lesquelles
il ne recueille pas l’assentiment national.
L’Union européenne et l’euro n’ont plus de paratonnerre germanique.
Jean Vinatier
Seriatim 2017
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