Jean Vinatier
Seriatim 2018
"Si vous ne lisez pas les journaux, vous n'êtes pas informés; si vous lisez les journaux, vous êtes mal informés" Mark Twain
lundi 26 février 2018
« Peut-on réécrire la Révolution française par Jean-Clément Martin ?» N°4461 12e année
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samedi 24 février 2018
Emmanuel Macron globaliste et patriote ? N°4460 12e année
Le bon accueil réservé à
Marion Maréchal, nièce de Marine Le Pen au rassemblement conservateur où
s’exprimèrent le vice-président américain puis le Président Trump, a retenu
l’attention de la presse française laquelle décela, alors, la préfiguration
d’un ticket avec…Laurent Wauquiez et par conséquent l’affaiblissement de la
chef du Front national.
Si le déplacement de Marion
Maréchal est bien une première étape vers son retour dans l’arène politique
française, il importe, avant tout de noter que le Président Trump regarde la
scène française avec intérêt et que par l’invitation faite, il émet donc un
signal dans notre direction.
Sans doute faudra-t-il, en
définitive ou en fin de compte, remercier Emmanuel Macron d’être entré par
effraction à l’Elysée, d’avoir précipité la réduction des partis qui faisaient
et défaisaient. Ne nous délivre-t-il pas du choix cornélien être de gauche ou être
de droite ? Nous savons donc que cette distinction n’est plus : il s’agit
d’être ou bien du côté de l’Union européenne dans sa vision globalisante ou
bien du côté de la patrie. Emmanuel Macron le comprends bien : ne tient-il
pas un discours sans cesse double : patriote et globaliste en
tâchant par quelques formules habiles de dire la France universelle et nationale?
Donald Trump a défendu bien avant le successeur de François Hollande cette idée
selon laquelle une nation prédestinée peut être tout à la fois monde et locale.
Si les Etats-Unis par la langue, la monnaie, la puissance militaire, le soft
power, les cinq cents bases qui enserrent la planète ont une capacité de facto
à donner crédit à ce discours, ils n’en rencontrent pas moins la haine des
globalistes qui voudraient un seul gouvernement et plus de nation même
prédestinée, c’est la terre elle-même qui le serait. Comme Donald Trump, le Royaume-Uni
dans une moindre mesure est audible dans cette position par leur langue et le Commonwealth.
Washington et Londres sont deux puissances encore rayonnantes qui voient
cependant la contestation de la globalisation versus atlantique de plus en plus
mise en concurrence et en rivalité avec celle venue d’Asie, d’où parmi une
partie les élites et une partie de ces deux peuples le choix d’un repli
tactique qui n’implique en rien la renonciation à une première place parmi les
grands, un choix qui induit, notamment, des budgets militaires de plus en plus
énormes.
L’Union européenne, par sa
situation géographique se situe au centre de la planète, par sa puissance
économique occupe la première place. Elle devrait donc en toute logique être la
force, celle équilibrante entre deux prépotences, l’une Atlantique, l’autre
Asiatique mais n’ayant ni souveraineté militaire (OTAN), ni langue officielle
de l’Union (l’anglais ne saurait l’être), ni pensée politique, ni même
frontière (il aura fallu l’accueil sans mesure des migrants et le
mécontentement de l’Europe Centrale pour que la frontière refasse une
apparition), reniant ses racines autant païennes que chrétiennes, ancrée sur
les seules lectures économiques, financières et humaines au sens de mobilité
des masses d’où qu’elles viennent, dédaignant toute approche sociale, ne
possédant aucune autonomie de pensée puisqu’elle se réfère en permanence à ce
qui se dit et se fomente de l’autre côté de l’Atlantique, attaquant autant la
nation que l’idée même d’une Union impériale, vous avez devant vous une masse
odieuse rarement vue par les citoyens de la terre européenne comme une force
bienfaisante et protectrice.
C’est dans ce décor théâtral
qu’Emmanuel Macron continue à parler en Europe comme il s’exprime en France, il
voudrait reproduire ce qui lui a permis d’être par effraction chef de l’Etat, d’être
donc celui de l’Union européenne. Ce Saint-Jean Bouche d’or convaincrait si
nous étions en concordance avec la réalité de notre puissance souveraine
(monétaire, linguistique, économique, militaire, politique) ce qui ne se peut puisque nous
avons délégué des pans entiers de ce qui avait fait la France petit à petit
pendant des siècles depuis nos Rois en leurs conseils jusqu’aux Républicains en
leurs idéaux. L’Union européenne a beau être une armure grinçante, il n’en
reste pas moins que l’Europe Centrale rappelle aux autres Européens ce qu’est
la richesse d’une identité. Et sans doute parce que ces Etats ont eu des
histoires tragiques, vus même leurs existences biffées, veulent-ils aujourd’hui
dire que sortis par miracle de l’oppression soviétique, ils estimeraient l’Union
européenne à la condition que l’identité soit. Ce discours repris certes par
les populistes, des partis des extrêmes n’est en rien à dédaigner : il ra pelle qu’aucune autorité même et surtout
supranationale n’a de légitimité si elle arase les racines.
Dans l’Union européenne
elle-même le choc globaliste/nation ou patrie est patent et grossit de mois en
mois. Ainsi Angela Merkel et Emmanuel Macron sont-ils plus isolés comme
plaideurs inlassables de la globalisation qu’on ne le croit. Et s’agissant plus
particulièrement de l’Allemagne qui garde sur l’Euro une main ferme, Berlin
essaie, arguant de sa prospérité économique et de l’influence de ces grands
groupes industriels, de se croire d’une certaine façon « américain
prédestiné », certainement le protestantisme y joue-t-il un rôle religieux
et psychologique.
Le choix des militants du
SPD le 4 mars puis les élections européennes de mai 2019 seront à cet égard cruciaux .
Jean Vinatier
Seriatim 2018
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vendredi 23 février 2018
Stop aux Tours à Paris : signez la pétition N°4459 12e année
La pétition
Parce que nous refusons de densifier davantage Paris, une des villes les
plus denses du monde. Ce dont nous avons besoin, ce sont de nouveaux espaces de
respiration.
Parce qu’il faut laisser davantage d’espaces « non construits » à
Paris. Parce que nous voulons aussi des lieux publics disponibles pour laisser
libre cours à l’utilisation gratuite, populaire, ponctuelle et diverse.
Parce qu’il n’y a pas assez d’espaces verts à Paris. Les bois, les jardins,
les squares et espaces verts sont sur-occupés. Avec seulement 2,05m² par
habitant Paris est l’une des métropoles où la nature en ville est la moins
présente.
Parce que les tours n’aident pas à lutter contre l’étalement urbain. A l’échelle de
l’agglomération, la construction de tours de bureaux dans Paris n’empêchera
aucunement l’étalement urbain (phénomène de développement des surfaces
urbanisées à la périphérie des villes) en grande couronne dû essentiellement à
l’extension des zones d’habitat ou de commerces au détriment de terres
agricoles.
A l’échelle de Paris, la construction de tours n’est pas contrebalancée par
une protection accrue des espaces libres ou des espaces verts existants, bien
au contraire.
Parce que les objectifs mis en avant pour construire des tours à
Paris ne sont pas pertinents, la hauteur semblant davantage le reflet d’une
volonté de montrer son pouvoir que répondre à un souci de modernité, que
l’image d’une ville tient fort heureusement à d’autres critères que la danse
désordonnée de ses tours, que la spécificité de Paris tient à son bâti
historique, son urbanisme de grande qualité, et son paysage longtemps homogène
avec une hauteur limitée. S’aligner sur les villes qui courent après les tours,
c’est banaliser Paris, c’est l’enlaidir, c’est abîmer son image et prendre le
risque de faire fuir une partie de la population et, qui sait, progressivement
les touristes.
Parce qu’il existe des solutions pour mieux répondre à la demande de
logements dans Paris. Il y a trop de surfaces bâties non utilisées dans la capitale. La pénurie
de logements disponibles est liée à une profonde transformation de l’usage des
logements à Paris, avec la multiplication des résidences secondaires ou
occasionnelles et de logements vacants. Sans compter les plus de
800 000 m² de bureaux vides ! La priorité, ce n’est pas la
construction de tours supplémentaires mais à l’utilisation rationnelle des
bâtiments existants.
Parce que les tours ne créent pas de logements supplémentaires. La quasi-totalité des
tours récentes ou envisagées à Paris prévoit des bureaux, des hôtels, quelques
fois un petit équipement public (exigé par la Mairie de Paris) mais pas ou peu
de logements, et encore moins de logements sociaux vu le prix de revient de la
construction d’une tour.
Parce qu’il est inutile de construire des tours de bureaux pour développer
prioritairement l’emploi à Paris, le nombre d’emplois à Paris étant très largement
supérieur à la population active parisienne, la priorité est de créer des
emplois là où les personnes habitent.
Parce que les tours ne sont JAMAIS écologiques. Si on les compare aux
bâtis moins hauts, les tours ont un mauvais bilan carbone et énergétique pour
leur construction, leur fonctionnement, et leur durée de vie. Sans oublier les
nuisances sur leur environnement proche, comme les ombres des tours sur les
bâtiments voisins.
Parce que les tours défigurent Paris ville plutôt basse. Les tours dérogent à cette volonté
de maintenir cette harmonie paysagère tant prisée par les touristes du monde
entier. Pour garder l’harmonie générale de Paris, les plafonds du Plan local
d’urbanisme (PLU) hors dérogation soit 25m et 37m sont raisonnables
Parce que nous ne voulons pas d’un Paris « château fort ». Le projet est de
construire des tours aux portes de Paris, comme si on devait recréer une
frontière supplémentaire autour du Paris historique. A l’heure où nous voulons
construire un grand Paris ouvert et accueillant, nous ne voulons pas de cette
nouvelle frontière, même symbolique.
Pour signer la pétition :
Jean Vinatier
Seriatim 2018
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jeudi 22 février 2018
« Conférence de Munich : l’impuissance européenne par Hélène Nouaille » N°4458 12e année
« Il flottait au-dessus de la conférence comme le brouillard de
février qui s’élevait des rues boueuses de la ville ». Plume acérée,
l’ancien conseiller américain du département d’Etat (2007-2009) Eliot A. Cohen
ne cache pas sa déception : ce qui était, depuis 1963, une rencontre
plutôt discrète entre chefs d’Etat, ministres de la Défense et autres
responsables de la sécurité mondiale est devenu un « forum
politique auquel assistait une foule mondiale. Et le succès apparent de
cet événement, au moins par la taille, les vedettes politiques qu’il attire,
l’attention médiatique qu’il reçoit, le sens croissant de sa propre importance,
masque en réalité son échec en tant qu’institution » (1).
Presque 700 personnes, presse comprise, se bousculaient donc le week-end
dernier à Munich pour la 54eWehrkunde, dans le vieil hôtel
Bayerischer Hof (2), autour d’un constat : « En matière de
sécurité internationale, l’année 2017 a été marquée, entre autres choses, par
les signes d’une érosion continue de l’ordre international dit libéral, et par
une politique étrangère américaine de plus en plus imprévisible » (3).
Le ton est donné dans l’introduction du rapport annuel, malgré un
sous-titre (To the Brink-and Back) qui indique que nous aurions été au
bord du gouffre et que nous avons fait un pas en arrière. On aurait attendu des
discours percutants sur ce thème : il y a eu de grands moments à Munich –
Vladimir Poutine en 2007 (4), par exemple, dont la franchise (« La
forme de cette conférence va me permettre de dire ce que je pense réellement
des problèmes de sécurité internationale ») est restée dans les
mémoires, ou encore rappelle Eliot A. Cohen nostalgique, le sénateur
républicain John McCain, absent parce que malade cette année, qui menait
« depuis des années la délégation américaine » et affirmait
régulièrement « les valeurs américaines avec une clarté éclatante ».
Le secrétaire à la Défense James Mattis était présent (et silencieux) – le
secrétaire d’Etat Rex Tillerson étant absent - avec le général McMaster,
conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche et le patron de la CIA,
Mike Pompeo. Il y avait aussi des anciens de l’administration Obama: l’ex
vice-président Joe Biden et l’ex-secrétaire d’État John Kerry ou encore
l’inoubliable Victoria Nuland (« Fuck the EU », Ukraine,
2014). Et, de l’Afrique à l’Asie, Chine comprise, en passant par le
Moyen-Orient (Benjamin Netanyahou, ou le ministre des Affaires iranien Javad
Zarif et celui d'Arabie saoudite Adel al-Jubeir), une foule de ministres ou
hauts représentants, venus rejoindre leurs homologues européens.
Alors ? En fait, écrit encore Eliot Cohen, « la génération
représentée à Munich cette année a semblée déconcertée par la ré entrée dans
l’histoire des autoritaires et les fanatiques d’aujourd’hui ».
La suite ci-dessous :
A compléter avec le texte de Richard Labévière: SYRIELEAKS :
UN CÂBLE DIPLOMATIQUE BRITANNIQUE DEVOILE LA « STRATEGIE
OCCIDENTALE » …
« Conférence sur la sécurité
– Munich, 17 février.
Dans un anglais quelque peu familier mais précis, Benjamin Norman –
diplomate en charge du dossier Proche et Moyen Orient à l’ambassade de Grande
Bretagne à Washington – rend compte dans un Télégramme diplomatique
confidentiel (TD)1 du 12 janvier 2018 de la première réunion
du « Petit groupe américain sur la Syrie » (Etats-Unis, Grande
Bretagne, France, Arabie saoudite et Jordanie), qui s’est tenue à Washington le
11 janvier 2018.
La suite ci-dessous :
Jean Vinatier
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mercredi 21 février 2018
La Ghouta de trop ? N°4457 12e année
La Syrie revient sur le devant de la scène internationale avec l’affaire
de la bataille de La Ghouta-orientale, ville située dans la banlieue de Damas
et encore tenue par les rebelles djihadistes. Le régime syrien est accusé d’user
d’une trop grande violence, d’être tenté de recourir à l’arme chimique. L’on
sait qu’en 2013 le prédécesseur de Donald Trump avait renoncé in extremis à
punir Bachar Al-Assad pour avoir, selon les médias dominants, autorisé l’arme
chimique ce qui ne fut pas prouvé.
La Syrie soutenue par la Russie et l’Iran continue la reconquête de sa
souveraineté ce que semble lui dénier la coalition conduite par les Etats-Unis,
le Royaume-Uni, la France, l’Arabie Saoudite, Israël qui exige, sans rire le
départ des forces étrangères (Le Drian) alors même que ces puissances réunies
ont violé et violent toujours sa souveraineté. Il ne s’agit pas ici de dire son
opinion sur le régime syrien, il est ce qu’il est et ce que semble accepter la
population.
Les Etats-Unis courroucés par leur échec syrien usent de la carte kurde,
au risque d’une conflagration avec la Turquie, afin de justifier le maintien de
leurs forces en Syrie : Washington veut reproduire ce qui fut fait …en
Irak avec le succès que l’on sait ! La France dans ce dossier suit la
Maison Blanche le doigt sur le pantalon : Trump n’est donc plus maudit ?
La Turquie membre fondateur de l’OTAN n’entend pas céder sur le dossier
kurde et a lancé une offensive au nord de la Syrie qui marque le pas. Il s’en
fallut d’un cheveu pour que les Turcs et les Américains s’affrontent militairement.
Le Secrétaire d’Etat aux affaires Etrangères américain se déplaça à Ankara pour
calmer le jeu : mission ni réussie, ni échouée.
La Russie a évité la partition syrienne : est-elle en mesure de
prévoir une suite ? A mettre dans son sillage la Turquie d’Erdogan qui
serait un soutien très incertain et très susceptible ?
L’Iran tant au Yémen qu’en Syrie place ses pions dans cet Orient que
cette antique nation connaît bien : le Géorgie ne fut-elle pas dans son
orbite au XVIIIe siècle ?, l’Empire Ottoman ne reconnut-il pas l’Euphrate
et le Tigre comme limite ? L’Iran, la
Russie aussi, est la puissance dont il
faut rogner les serres et les ailes.
Cet acharnement des Atlantiques (USA+Europe) en Syrie n’est pas sans
rappeler les Croisés bien des siècles avant lesquels ne manquèrent jamais d’aller
d’une impasse à une autre avant d’être expulsés d’Orient. Il y a, en réalité,
derrière toute cette armada le soin de garder la mainmise sur les ressources
énergétiques sur cette partie de la Méditerranée et au Kurdistan syrien, le
soin également de contrer la mise en place de la Route de la soie chinoise.
Pour ce faire, les Atlantiques alliés aux Saoudiens et Israéliens doivent
amener l’Iran et la Russie à abaisser leurs ambitions réciproques quitte à soutenir
sous différente forme des « djihadistes ». C’est une bien grande
bataille engagée dont les populations pâtissent dans bien des cas par le martyr,
de même que le patrimoine multiséculaire, notre mémoire commune ce qu’oublient
les Atlantiques !
L’Ouest s’entête en Syrie comme s’il se pensait dans le monde d’avant
la chute du mur en 1989. C’est très notable que de noter des Atlantiques qui
disposent de la monnaie, de la puissance militaire incomparable manœuvrent
comme manœuvrèrent la flotte de Xerxès à Salamine. Où sont les Thémistocle ?
Quel intérêt pour la France d’honnir la Syrie ? Dans ce dossier preuve est
apportée que la perte de la souveraineté rend une nation autrefois sûre d’elle-même
aveugle, sourde, in fine barbare.
Jean Vinatier
Seriatim 2018
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