« Il flottait au-dessus de la conférence comme le brouillard de
février qui s’élevait des rues boueuses de la ville ». Plume acérée,
l’ancien conseiller américain du département d’Etat (2007-2009) Eliot A. Cohen
ne cache pas sa déception : ce qui était, depuis 1963, une rencontre
plutôt discrète entre chefs d’Etat, ministres de la Défense et autres
responsables de la sécurité mondiale est devenu un « forum
politique auquel assistait une foule mondiale. Et le succès apparent de
cet événement, au moins par la taille, les vedettes politiques qu’il attire,
l’attention médiatique qu’il reçoit, le sens croissant de sa propre importance,
masque en réalité son échec en tant qu’institution » (1).
Presque 700 personnes, presse comprise, se bousculaient donc le week-end
dernier à Munich pour la 54eWehrkunde, dans le vieil hôtel
Bayerischer Hof (2), autour d’un constat : « En matière de
sécurité internationale, l’année 2017 a été marquée, entre autres choses, par
les signes d’une érosion continue de l’ordre international dit libéral, et par
une politique étrangère américaine de plus en plus imprévisible » (3).
Le ton est donné dans l’introduction du rapport annuel, malgré un
sous-titre (To the Brink-and Back) qui indique que nous aurions été au
bord du gouffre et que nous avons fait un pas en arrière. On aurait attendu des
discours percutants sur ce thème : il y a eu de grands moments à Munich –
Vladimir Poutine en 2007 (4), par exemple, dont la franchise (« La
forme de cette conférence va me permettre de dire ce que je pense réellement
des problèmes de sécurité internationale ») est restée dans les
mémoires, ou encore rappelle Eliot A. Cohen nostalgique, le sénateur
républicain John McCain, absent parce que malade cette année, qui menait
« depuis des années la délégation américaine » et affirmait
régulièrement « les valeurs américaines avec une clarté éclatante ».
Le secrétaire à la Défense James Mattis était présent (et silencieux) – le
secrétaire d’Etat Rex Tillerson étant absent - avec le général McMaster,
conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche et le patron de la CIA,
Mike Pompeo. Il y avait aussi des anciens de l’administration Obama: l’ex
vice-président Joe Biden et l’ex-secrétaire d’État John Kerry ou encore
l’inoubliable Victoria Nuland (« Fuck the EU », Ukraine,
2014). Et, de l’Afrique à l’Asie, Chine comprise, en passant par le
Moyen-Orient (Benjamin Netanyahou, ou le ministre des Affaires iranien Javad
Zarif et celui d'Arabie saoudite Adel al-Jubeir), une foule de ministres ou
hauts représentants, venus rejoindre leurs homologues européens.
Alors ? En fait, écrit encore Eliot Cohen, « la génération
représentée à Munich cette année a semblée déconcertée par la ré entrée dans
l’histoire des autoritaires et les fanatiques d’aujourd’hui ».
La suite ci-dessous :
A compléter avec le texte de Richard Labévière: SYRIELEAKS :
UN CÂBLE DIPLOMATIQUE BRITANNIQUE DEVOILE LA « STRATEGIE
OCCIDENTALE » …
« Conférence sur la sécurité
– Munich, 17 février.
Dans un anglais quelque peu familier mais précis, Benjamin Norman –
diplomate en charge du dossier Proche et Moyen Orient à l’ambassade de Grande
Bretagne à Washington – rend compte dans un Télégramme diplomatique
confidentiel (TD)1 du 12 janvier 2018 de la première réunion
du « Petit groupe américain sur la Syrie » (Etats-Unis, Grande
Bretagne, France, Arabie saoudite et Jordanie), qui s’est tenue à Washington le
11 janvier 2018.
La suite ci-dessous :
Jean Vinatier
Seriatim 2018
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire