Le bon accueil réservé à
Marion Maréchal, nièce de Marine Le Pen au rassemblement conservateur où
s’exprimèrent le vice-président américain puis le Président Trump, a retenu
l’attention de la presse française laquelle décela, alors, la préfiguration
d’un ticket avec…Laurent Wauquiez et par conséquent l’affaiblissement de la
chef du Front national.
Si le déplacement de Marion
Maréchal est bien une première étape vers son retour dans l’arène politique
française, il importe, avant tout de noter que le Président Trump regarde la
scène française avec intérêt et que par l’invitation faite, il émet donc un
signal dans notre direction.
Sans doute faudra-t-il, en
définitive ou en fin de compte, remercier Emmanuel Macron d’être entré par
effraction à l’Elysée, d’avoir précipité la réduction des partis qui faisaient
et défaisaient. Ne nous délivre-t-il pas du choix cornélien être de gauche ou être
de droite ? Nous savons donc que cette distinction n’est plus : il s’agit
d’être ou bien du côté de l’Union européenne dans sa vision globalisante ou
bien du côté de la patrie. Emmanuel Macron le comprends bien : ne tient-il
pas un discours sans cesse double : patriote et globaliste en
tâchant par quelques formules habiles de dire la France universelle et nationale?
Donald Trump a défendu bien avant le successeur de François Hollande cette idée
selon laquelle une nation prédestinée peut être tout à la fois monde et locale.
Si les Etats-Unis par la langue, la monnaie, la puissance militaire, le soft
power, les cinq cents bases qui enserrent la planète ont une capacité de facto
à donner crédit à ce discours, ils n’en rencontrent pas moins la haine des
globalistes qui voudraient un seul gouvernement et plus de nation même
prédestinée, c’est la terre elle-même qui le serait. Comme Donald Trump, le Royaume-Uni
dans une moindre mesure est audible dans cette position par leur langue et le Commonwealth.
Washington et Londres sont deux puissances encore rayonnantes qui voient
cependant la contestation de la globalisation versus atlantique de plus en plus
mise en concurrence et en rivalité avec celle venue d’Asie, d’où parmi une
partie les élites et une partie de ces deux peuples le choix d’un repli
tactique qui n’implique en rien la renonciation à une première place parmi les
grands, un choix qui induit, notamment, des budgets militaires de plus en plus
énormes.
L’Union européenne, par sa
situation géographique se situe au centre de la planète, par sa puissance
économique occupe la première place. Elle devrait donc en toute logique être la
force, celle équilibrante entre deux prépotences, l’une Atlantique, l’autre
Asiatique mais n’ayant ni souveraineté militaire (OTAN), ni langue officielle
de l’Union (l’anglais ne saurait l’être), ni pensée politique, ni même
frontière (il aura fallu l’accueil sans mesure des migrants et le
mécontentement de l’Europe Centrale pour que la frontière refasse une
apparition), reniant ses racines autant païennes que chrétiennes, ancrée sur
les seules lectures économiques, financières et humaines au sens de mobilité
des masses d’où qu’elles viennent, dédaignant toute approche sociale, ne
possédant aucune autonomie de pensée puisqu’elle se réfère en permanence à ce
qui se dit et se fomente de l’autre côté de l’Atlantique, attaquant autant la
nation que l’idée même d’une Union impériale, vous avez devant vous une masse
odieuse rarement vue par les citoyens de la terre européenne comme une force
bienfaisante et protectrice.
C’est dans ce décor théâtral
qu’Emmanuel Macron continue à parler en Europe comme il s’exprime en France, il
voudrait reproduire ce qui lui a permis d’être par effraction chef de l’Etat, d’être
donc celui de l’Union européenne. Ce Saint-Jean Bouche d’or convaincrait si
nous étions en concordance avec la réalité de notre puissance souveraine
(monétaire, linguistique, économique, militaire, politique) ce qui ne se peut puisque nous
avons délégué des pans entiers de ce qui avait fait la France petit à petit
pendant des siècles depuis nos Rois en leurs conseils jusqu’aux Républicains en
leurs idéaux. L’Union européenne a beau être une armure grinçante, il n’en
reste pas moins que l’Europe Centrale rappelle aux autres Européens ce qu’est
la richesse d’une identité. Et sans doute parce que ces Etats ont eu des
histoires tragiques, vus même leurs existences biffées, veulent-ils aujourd’hui
dire que sortis par miracle de l’oppression soviétique, ils estimeraient l’Union
européenne à la condition que l’identité soit. Ce discours repris certes par
les populistes, des partis des extrêmes n’est en rien à dédaigner : il ra pelle qu’aucune autorité même et surtout
supranationale n’a de légitimité si elle arase les racines.
Dans l’Union européenne
elle-même le choc globaliste/nation ou patrie est patent et grossit de mois en
mois. Ainsi Angela Merkel et Emmanuel Macron sont-ils plus isolés comme
plaideurs inlassables de la globalisation qu’on ne le croit. Et s’agissant plus
particulièrement de l’Allemagne qui garde sur l’Euro une main ferme, Berlin
essaie, arguant de sa prospérité économique et de l’influence de ces grands
groupes industriels, de se croire d’une certaine façon « américain
prédestiné », certainement le protestantisme y joue-t-il un rôle religieux
et psychologique.
Le choix des militants du
SPD le 4 mars puis les élections européennes de mai 2019 seront à cet égard cruciaux .
Jean Vinatier
Seriatim 2018
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