La Syrie revient sur le devant de la scène internationale avec l’affaire
de la bataille de La Ghouta-orientale, ville située dans la banlieue de Damas
et encore tenue par les rebelles djihadistes. Le régime syrien est accusé d’user
d’une trop grande violence, d’être tenté de recourir à l’arme chimique. L’on
sait qu’en 2013 le prédécesseur de Donald Trump avait renoncé in extremis à
punir Bachar Al-Assad pour avoir, selon les médias dominants, autorisé l’arme
chimique ce qui ne fut pas prouvé.
La Syrie soutenue par la Russie et l’Iran continue la reconquête de sa
souveraineté ce que semble lui dénier la coalition conduite par les Etats-Unis,
le Royaume-Uni, la France, l’Arabie Saoudite, Israël qui exige, sans rire le
départ des forces étrangères (Le Drian) alors même que ces puissances réunies
ont violé et violent toujours sa souveraineté. Il ne s’agit pas ici de dire son
opinion sur le régime syrien, il est ce qu’il est et ce que semble accepter la
population.
Les Etats-Unis courroucés par leur échec syrien usent de la carte kurde,
au risque d’une conflagration avec la Turquie, afin de justifier le maintien de
leurs forces en Syrie : Washington veut reproduire ce qui fut fait …en
Irak avec le succès que l’on sait ! La France dans ce dossier suit la
Maison Blanche le doigt sur le pantalon : Trump n’est donc plus maudit ?
La Turquie membre fondateur de l’OTAN n’entend pas céder sur le dossier
kurde et a lancé une offensive au nord de la Syrie qui marque le pas. Il s’en
fallut d’un cheveu pour que les Turcs et les Américains s’affrontent militairement.
Le Secrétaire d’Etat aux affaires Etrangères américain se déplaça à Ankara pour
calmer le jeu : mission ni réussie, ni échouée.
La Russie a évité la partition syrienne : est-elle en mesure de
prévoir une suite ? A mettre dans son sillage la Turquie d’Erdogan qui
serait un soutien très incertain et très susceptible ?
L’Iran tant au Yémen qu’en Syrie place ses pions dans cet Orient que
cette antique nation connaît bien : le Géorgie ne fut-elle pas dans son
orbite au XVIIIe siècle ?, l’Empire Ottoman ne reconnut-il pas l’Euphrate
et le Tigre comme limite ? L’Iran, la
Russie aussi, est la puissance dont il
faut rogner les serres et les ailes.
Cet acharnement des Atlantiques (USA+Europe) en Syrie n’est pas sans
rappeler les Croisés bien des siècles avant lesquels ne manquèrent jamais d’aller
d’une impasse à une autre avant d’être expulsés d’Orient. Il y a, en réalité,
derrière toute cette armada le soin de garder la mainmise sur les ressources
énergétiques sur cette partie de la Méditerranée et au Kurdistan syrien, le
soin également de contrer la mise en place de la Route de la soie chinoise.
Pour ce faire, les Atlantiques alliés aux Saoudiens et Israéliens doivent
amener l’Iran et la Russie à abaisser leurs ambitions réciproques quitte à soutenir
sous différente forme des « djihadistes ». C’est une bien grande
bataille engagée dont les populations pâtissent dans bien des cas par le martyr,
de même que le patrimoine multiséculaire, notre mémoire commune ce qu’oublient
les Atlantiques !
L’Ouest s’entête en Syrie comme s’il se pensait dans le monde d’avant
la chute du mur en 1989. C’est très notable que de noter des Atlantiques qui
disposent de la monnaie, de la puissance militaire incomparable manœuvrent
comme manœuvrèrent la flotte de Xerxès à Salamine. Où sont les Thémistocle ?
Quel intérêt pour la France d’honnir la Syrie ? Dans ce dossier preuve est
apportée que la perte de la souveraineté rend une nation autrefois sûre d’elle-même
aveugle, sourde, in fine barbare.
Jean Vinatier
Seriatim 2018
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