Le gouvernement Carlo Cottarelli n’aura pas l’investiture devant la
Chambre et annoncera de nouvelles élections pour l’automne prochain. La
dissolution de la Chambre n’est pas mal vue par le Président Mattarella lequel
escompterait bien d’ici les prochaines semaines une division au sein de Forza
italia dont la Ligua est membre par accord, Silvio Berlusconi pouvant à nouveau
prétendre à des fonctions politiques, à un essoufflement de M5, de même est
espéré qu’un discours répété en direction des « épargnants italiens »
qui perdraient tout si l’Italie quittait l’Union européenne et la zone euro,
suffirait à les décourager d’aller voter affaiblissant du coup la base
électorale du mouvement de Beppe Grillo. Bruxelles met en place un discours de
peur et de menace. La présidence italienne tout à fait soumise à Bruxelles et à
Berlin entend bien défaire les partis populistes d’ici l’automne. C’est un pari
à très haut risque qui ne semble pas avoir bien mesuré le degré d’agacement des
Italiens vis-à-vis de la classe politique traditionnelle et des autorités
supranationales, de la colère contre les politiques d’austérité dont Carlo
Cottarelli est le symbole et de la détestation envers le tudesque lequel le lui
rend bien au vu des titres de la presse allemande complétement injurieuse et
insultante pour la péninsule.
Que se passera-t-il si les élections à l’automne aboutissaient au
maintien des scores de La Ligua et de MS5 ou pire encore à un renforcement du
nombre d’élus ? Que fera Matterella ? Là, personne n’a la réponse sauf
Bruxelles qui placerait l’Italie sous
tutelle européenne suspendant de fait toute activité parlementaire, la démocratie
cessant d’être un pouvoir représentatif, et cessant d’être tout court. Nous entrerions
dans l’ère post-démocratique annoncée par Emmanuel Todd.
Les partis populistes italiens auront tout intérêt à laisser sur le
bas-côté tout ce qui anxiogène les électeurs italiens: l’Europe et l’Euro
et s’axer sur les points qui les rassemblent et sur lesquels ils se retrouvent
ou en discutent de façon complémentaire et/ou opposée : sécurité,
identité, migrations….etc, posant la question sommes-vous une nation ou un simple
territoire ? Bref ne pas connaître les mêmes erreurs que Marine Le Pen
lors de la campagne présidentielle.
Au-delà de ce qui se déroule de l’autre côté des Alpes, la présidence
française suit de très près l’ébullition romaine : une situation de
blocage à l’automne n’est pas considérée de manière si négative par l’Elysée
qui jouerait alors sur la peur (toujours elle) s’appuyant sur la feuille de
route ou bout de papier dédaigneusement
accordé par Berlin afin que Paris fisse encore bonne figure et tétanise les bobo-bourgeois
français.
L’Italie est un volcan réveillé, la question est de savoir s’il entrera
en irruption ou non et si oui si sa lave tombera du côté attendu…..
Jean Vinatier
Seriatim 2018
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