Les Etats-Unis sortent de l’accord nucléaire iranien signé par Barack
Obama aux côtés de la Chine, de la Russie et de l’Union européenne. Si l’on s’émeut
beaucoup sur les conséquences nucléaires, on minore énormément l’autre aspect
de la décision de Donald Trump à savoir la mise au pas du monde de l’extraterritorialité
de son droit, sa main de justice, le
dollar étant le glaive.
On se souvient de quelle manière la France du Président Hollande a
laissé sans riposter, BNP et plusieurs grands groupes français payer pas loin
de douze milliards à l’état fédéral américain pour avoir outrepassé l’embargo
sur l’Iran. Ces entreprises étaient coupables d’avoir usé du dollar.
Aujourd’hui Donald Trump ne s’embarrasse pas de précaution, il donne le
calendrier et le tempo des sanctions qui pourraient intervenir. User d’un IPhone
suffira à vous faire condamner !
Le monde entier est prié de plier le genou devant l’empereur du
Potomac, l’Europe, placée aux première
loges serait donc la première a courbé l’échine. Depuis l’Allemagne où le
Président Macron est pour recevoir le prix Charlemagne, il s’est une fois de
plus lancé dans un discours où il déplorait le risque « lotharingien »,
faisant allusion au traité de Verdun (843) qui mit un terme à l’unité impériale
carolingienne, laissant renaître la France et surgir l’empire romain germanique
avant de plaider pour une souveraineté économique de l’Europe.
Mme Merkel de son côté soulignait la fin de la confiance sécuritaire
entre l’Union européenne et les Etats-Unis. Il est assez piquant que les deux
chefs les plus atlantistes se mettent à parler de cette sorte, il le serait
davantage si de tels propos pouvaient être suivis en actes forts.
Donald Trump a parié sur la non-réaction réelle de l’Union européenne
et sur son alignement alors même qu’il permettrait, si l’Europe avait de réels
chefs d’Etat, de briser net des liens de dépendance nés en 1945. La souveraineté
économique de l’Europe dont parle Emmanuel Macron n’aurait de sens qu’en s’appuyant
sur une souveraineté politique, c’est-à-dire une indépendance et notamment
militaire : allons-nous dans cette direction ? Paris et Berlin s’entendraient-ils
sur la fin des sanctions à l’encontre de la Russie ? On en doute. L’Union
européenne voudra-t-elle assurer la sécurité juridique des entreprises
commerçantes avec l’Iran, osera-t-elle prendre des sanctions contre les Etats-Unis ?
On en doute et ce d’autant plus que les Etats-Unis useront de toutes les représailles
contre l’Europe.
De quel poids pèse le « couple franco-allemand » en Europe depuis
le catastrophique déplacement américain ? Avec un Emmanuel Macron sensé
peser sur la Maison blanche, tout heureux de ne pas parler français, de singer
Barack Obama au milieu des étudiants de Georgetown, de papouiller Donald Trump ?
Avec une Angela Merkel peu combattive à la suite du Président français ? Alors
même que Berlin a retoqué les propositions françaises sur l’Europe, peut-on
imaginer « le couple » faisant surgir du chapeau des propositions
souveraines quand l’Union européenne voit grandir les mouvements populistes
avec une Italie qui pourrait annoncer un gouvernement de coalition populiste,
une première.
La crise iranienne montre l’Union européenne nue sans sens politique faute
de souveraineté et réticente à l’idée de frontière. En espace mercantile qu’est
l’Union européenne, le seul raisonnement qui se tiendra sera le suivant :
qu’est-ce qui rapportera le plus, le marché américain ou le marché iranien ?
Mais voilà, il est difficile de ne voir que le marché iranien quand ce
pays, membre observateur de l’Organisation Economique de Shanghai, est lié à la Russie, à la Chine, à l’Inde que
Pékin prévoit de faire passer sa route de la soie terrestre par ce pays. Il est
à craindre rapidement que la nouvelle question que se posera l’Europe sera :
le marché américain ou le marché « de la route de la soie » ?
Quelle que soit la solution retenue, on ne voit pas comment les entreprises
européennes si puissantes fussent-elles, pourront agir sans le soutien des
Etats ? Mais que pèseront des Etats qui refuseront d’affronter les
Etats-Unis ? L’Union européenne est entre le marteau et l’enclume soit
elle s’affirme, soit elle s’abîme.
Jean Vinatier
Seriatim 2018
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