Emmanuel Macron part en Russie sans pompe ni promesse : cette fois
la presse n’est pas remplie de tout ce que le Président devrait obtenir du pays
où il se rend. Les déconvenues de Washington sont encore dans les mémoires de
la cour de Jupiter.
Vladimir Poutine est tout sourire : ne vient-il pas d’accueillir
Angela Merkel avec un bouquet de roses ? Réélu, une position en Syrie
plutôt bonne, sous ses yeux immédiats une Union européenne qui craquèle avec
une Italie inaugurant le premier gouvernement de deux populismes, une Espagne toujours
pas débarrassée des indépendantistes Catalans, un Royaume-Uni sortant du
continent Européen et un Donald Trump sans ménagement pour ce continent dans le
dossier iranien.
Emmanuel Macron va à Saint-Pétersbourg à la rencontre d’un homme auquel
tout réussi. Déjà éprouvé par Donald Trump, lui aussi victorieux dans bien des
domaines qui l’a laissé gesticuler dans Georgetown, Emmanuel Macron se montre
modeste. Presque isolé en Europe et surtout face à l’Allemagne vent debout
contre toute idée de réforme de la zone euro : 154 économistes ont publié
une tribune dans le Frankfurter dans ce sens. Peut-être Angela Merkel voudrait-elle
épauler le Président Macron (et encore rien n’est certain) ? Qui sait l’arrivée
d’un gouvernement populiste italien l’amènerait-elle à des concessions ?
Pour l’heure l’Euro c’est le Mark et tant que cela durera, elle ne bougera
guère sauf à donner quelques signes afin que la communication élyséenne s’ébranle
à un an des européennes.
Vladimir Poutine accueille avec autant de sourire ce « couple
franco-allemand » qui n’en n’est pas un, acteur majeur des sanctions antirusses tout
chagrin du comportement de l’empereur du Potomac. Il y aurait eu une belle
image : regarder Merkel et Macron descendre du même avion et proposer à
Vladimir Poutine un retournement diplomatique majeur : la fin des
sanctions ! Mais de cela non. L’Allemagne quémandera un Northstream via la
Baltique au lieu de l’Ukraine quand la France espérera compter sur Moscou pour
consolider son retour dans le dossier syrien…via des Kurdes apoistes. Berlin et
Paris parleront-ils d’une même voix au nom de Bruxelles dans le cas d’une
confrontation violente avec les Etats-Unis ? Gros doute tant ces deux
puissances, assommées par un siècle de propagande américaine ont fini par ne
vivre que sous l’égide d’Outre-Atlantique. Ce déplacement en Moscovie n’obéit à
rien de bien grand sauf à amuser le Kremlin qui tel un chat ronronne devant les
deux souriceaux.
Et pourtant la Russie aimerait pouvoir compter avec l’Union européenne
face à l’Asie, la Chine surtout. Certes est-il allié avec Pékin mais les Russes
savent ses appétits pour la Sibérie. Faute de compter pour l’heure sur les
Etats-Unis, Donald Trump menant une guerre interne qui le force pour l’heure à
donner bien des gages aux ultras tout en ménageant des intérêts économiques
bien compris, Vladimir Poutine attendrait de cette Europe un geste fort et
courageux ! Las Bruxelles vient de condamner officiellement la Russie d’avoir
construit un pont reliant la Crimée à la terre ferme…
Chacun dans son coin combinera laissant passer une occasion. Mais pour
cela encore faudrait-il que Merkel pense Europe puissance et Macron souverain
ce qu’il n’est pas…..Quant à Vladimir Poutine, joueur d’échec, il regarde telle
et telle pièce se déplacer sans avoir à avancer un pion.
Jean Vinatier
Seriatim 2018
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