La question migratoire s’impose à l’Union européenne et menace même de
la faire exploser en plein vol. Angela Merkel en ouvrant si largement les frontières en 2015
imaginait-elle que ce geste serait sa perte ? Les élections de septembre
dernier ont vu l’entrée en nombre de l’AFD et pendant plus de quatre mois il a
fallu élaborer une coalition dont personne ne voulait que le SPD et la CDU/CSU
acceptèrent au nom de l’Union européenne. Sans popularité, sans soutien véritable,
cette coalition implose. Le ministre de l’Intérieur, un Bavarois patron de la
CSU, craignant par-dessus-tout de perdre son land en septembre prochain face à
l’AfD et le parti indépendantiste bavarois, ne cesse plus de surenchérir et de
menacer la chancelière. Elle a rejeté son ultimatum, la CSU lui accorde un
sursis jusqu’à sommet européen du 29 juin.
Ce mardi, la rencontre entre Angela Merkel et Emmanuel Macron était un
moment de théâtre quand depuis l’Italie jusqu’à la Pologne et même les pays
Baltes une ligue parait se mettre en place. Je ne sais quelle écriture la
chancelière pourra imposer mais outre la crise des migrants le ressentiment
envers sa personne est considérable, en France exceptée où l’ébahissement remplace
la politique. Cela étant dit, serait-il de l’intérêt d’Emmanuel Macron d’avoir
pour partenaire une Angela Merkel agonisante jusqu’aux européennes? Le problème
est que si de nouvelles élections avaient lieu l’Allemagne serait ingouvernable
et cette fois-ci pour de bon : ni le SPD ni la CDU/CSU ne voulant rejouer
la grande coalition. Emmanuel Macron escompte-t-il, s’il parvenait à influer
sur les différents discours du 29 juin, une approche allemande plus favorable à
ses projets ? On en doute. La reconnaissance en politique est rare et si
reconnaissance il y avait cela voudrait dire qu’enfin une conscience politique
émergerait de ces deux personnages. Mais avocats de l’Union européenne telle
quelle est, ils n’ont qu’une seule monture.
La prise de position de Donald Trump contre le gouvernement allemand
est une véritable déclaration de guerre, son actuel ambassadeur à Berlin
rappelant à chaque instant tout le mal qu’il pensait de la chancelière et tout
le bien qu’il espérait des populismes en Europe. Ni Berlin, ni Paris ne pouvant
se tourner vers Moscou qui regarde l’enfoncement « du couple
franco-allemand », pas davantage vers la Chine qui n’a pas besoin de leur
aide commune pour accroitre sa présence en Europe. L’Union européenne est
seule, Merkel et Macron également. Il est symbolique que leur affaiblissement
parallèle se fasse sur les migrants qui met en première ligne la question identitaire
que l’Union européenne a toujours refusé de recevoir, de même qu’au sujet des
frontières croyant que la félicité économique arrangerait tout. L’Union
européenne a bafoué les peuples et les bafoue encore. Quelle que soit l’issue
du sommet des 28 et 29 juin et quel que soit le communiqué fabriqué, nul n’y
verra quelque chose de solide. Dernier point, on néglige beaucoup ici, la force
du vent qui se lève depuis les Etats-Unis où Donald Trump poursuit sa guerre contre
« les mondialistes » et l' « Etat-profond ». Cet été, pendant
que tout le monde sera à la plage après avoir été abruti par le mondial de
football, les femmes et hommes célèbres qui verront arriver le FBI dès
potron-minet stupéfiera et cela touchera également l’Union européenne.
Le grand tort de l’Union européenne et de Paris-Berlin est ne pas avoir
compris que le mondialisme ou globalisme tel qu’il fut prévu par Barack Obama
et les Clinton, ne tenait plus depuis l’arrivée de Donald Trump. La seule
riposte de Bruxelles est dans des manœuvres constantes pour arrêter le
processus du Brexit, les migrants sont secondaires. C’est dire leur parfait
aveuglement. Quant à Merkel et Macron peu importe que nous assistions à leurs
deniers jours ou pas, ils sont presque déjà, hors-jeu.
Jean Vinatier
Seriatim 2018
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