Les auditions du ministre
de l’Intérieur, Gérard Collomb, du préfet de police de Paris, Michel Delpuech,
du directeur de l’ordre public, Alain Gibelin ont été uniques dans les annales
de la Ve République par le fait que tous les intervenants sans nier leur
responsabilité particulière, ont visé d’une façon ou d’une autre, la Présidence
de la République, le Président Macron inclus. Une telle position interdit
quasiment au pouvoir de considérer le ministre de l’Intérieur et le préfet de
police comme des fusibles.
Qui pouvait penser qu’en
quelques jours, la présidence Macron se trouverait assiégée, prise à
contre-pied? Qu’une simple affaire de « petite
frappe » de 26 ans ondulant dans les rangs de la police en se targuant de
sa fonction d’adjoint au chef de cabinet à l’Elysée, réduise le Président
Macron à se terrer dans son palais, l’obligeant à renoncer à ses obligations
est par là-même une révolution.
Indépendamment du fait que
le public a appris la longue liste des privilèges d’Alexandre Benalla : voiture
de fonction, chauffeur, traitement confortable, accès libre à la villa des
Macron au Touquet, badge lui donnant accès à presque tous les échelons
administratifs, un titre de lieutenant-colonel dans la réserve de la
gendarmerie nationale, un appartement de 200m2 qui fut celui de Mazarine au
palais de l’Alma (quai Branly) cela interroge sur la puissance de l’intimité
entre le couple et lui. Mais le point fondamental est d’apprendre qu’Emmanuel
Macron entendait se doter d’un service de protection dirigé par Alexandre
Benalla composé d’hommes extérieurs à la police, à la gendarmerie. La gravité
est là et c’est ce que les commissions d’enquête devront étayer. Cette affaire anéantit
toute l’image « Macron » créée au moment de l’élection
présidentielle.
Certains feignent de croire
qu’il s’agit d’une mayonnaise montée par les médias : c’est Le Monde qui a
sorti l’affaire. Le Monde est le quotidien macronien par excellence. Que se
passe-t-il donc pour que ce journal se retourne contre le successeur de
François Hollande?
S’il est déjà trop tard
pour changer de ministre, il l’est également
pour changer de gouvernement l’opinion publique ne le comprendrait pas.
L’Elysée se tait parce que le Palais se doute que d’autres faits vont surgir, faits
qui accroitront l’immobilité présidentielle. Emmanuel Macron est seul, le roi
est quasiment nu. Fâché avec l’armée, la gendarmerie, la police, désormais avec
la hiérarchie policière, le corps préfectoral, les corps sociaux, impopulaire combien
de divisions a-t-il ? On a vu qu’à l’Assemblée nationale c’est un député
socialiste, M.Vallaud, qui a contraint le Président de la Chambre à approuver
la transformation de la commission des lois en commission d’enquête.
Une historienne sur Arte,
ce soir, se disait estomaquer par l’ampleur de cette affaire. Les oppositions
politiques qui désespéraient de trouver une faille dans Emmanuel Macron foncent
d’un même élan, se déchainent. Quant à la population française, il se pourrait
bien que lassée par la violence des discours présidentiels et constatant sa
précarité, elle ne sorte du bois ! Jusqu’à présent a été minoré le
ressentiment généré en une année de présidence Macron laquelle ne masque plus son
envie de pouvoir renforcé et de violence sociale.
Si les jours et semaines
fournissent d’autres éléments sur Alexandre Benalla ou bien qu’une autre
affaire apparaisse, le Président de la République pourrait démissionner :
Macron échec et mat ?
Jean Vinatier
Seriatim 2018