« Après une éclipse momentanée, l’Armée nationale populaire (ANP)
rejoue les premiers rôles sur la scène algérienne, à la faveur du démantèlement
d’un trafic de cocaïne. Le général Ahmed Gaid Saleh est-il pour autant l’homme
par qui tout changement doit forcément passer ?
Une éclipse de 30 mois
Jusqu’en 2016, en Algérie, le pouvoir politico-financier était géré et
régulé par le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) – les
services secrets algériens -structure tentaculaire dirigée par le
puissantissime général Toufik Mediene. Après son éviction et la dissolution de
son service[1], l’épicentre du pouvoir a basculé
dans le giron de la Présidence de la République. Le Président Bouteflika,
copiant le modèle mis en place par le roi Hassan II (Maroc) et l’ex-Président
Ben Ali (Tunisie), a renforcé les pouvoirs et prérogatives de la Direction
générale de la Sûreté nationale (DGSN, 258 000 hommes) et de la
Gendarmerie (175 000 hommes), au détriment de l’armée dont il voulait réduire
l’influence sur la vie du pays.
Pour rappel, depuis la présidence de Chadli Benjedid, l’Algérie a connu
l’émergence de baronnies, sous la coupe de hauts gradés, qui avaient la main
sur divers trafics. Une situation que régulait, hors de tout contrôle, l’ancien
patron du DRS. La nouvelle concentration du pouvoir au Palais Al-Mouradia,
incarnée par Said Bouteflika, frère du Président diminué par la maladie, a
entrainé une mue qui a fait émerger une nouvelle caste politico-financière
disposant d’un vaste empire et de connexions internationales variées allant de
Rio de Janeiro à Marseille et de Valence à Dubaï. L’homme-lige choisi pour
incarner ce basculement n’est autre que le chef du patronat algérien, Ali
Haddad. Ce poulain du frère du Président est même pressenti pour assurer la
relève à l’horizon 2019. Le processus en cours a marginalisé l’armée, véritable
ossature du système et créateur de l’Etat algérien. Cela n’a pas été du goût de
tout le monde, comme le prouve l’atmosphère de défiance qui règne en Algérie.
Le démantèlement d’un trafic de drogue qui
tombe à point nommé
La donne a changé avec l’affaire Kamal Chikhi – dit le
« boucher » en raison de ses activités d’importateur de viandes
brésilienne et paraguayenne -, le démantèlement d’un trafic de cocaïne dans le
port d’Oran en mai 2018. »
La suite ci-dessous
Jean Vinatier
Seriatim 2018
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