La chancelière de retour de
Turquie où elle participa à une réunion d’information russo-turque sur Idleb en
compagnie du président français, aura à assumer le plus mauvais résultat de la
CDU en Hesse depuis cinquante ans. Avec 26,9 ou 27% des voix et 19,6 ou 19,7% pour les Verts, la coalition obtient de
justesse la majorité simple et laisse entrer l’AFD avec 13,2% qui, par ce score
est désormais présent dans tous les lands de Germanie. Quant au SPD avec 19,8 %,
il enregistre un résultat piteux : la GroKo le lamine à grande vitesse.
Angela Merkel abordera donc
le congrès de la CDU en décembre en situation de faiblesse quoique très décidée
à aller jusqu’aux élections européennes. Le SPD le lui permettra-t-il ? Après
les revers en Bavière puis en Hesse, quel sera son score en mai prochain pour
le renouvellement du parlement à Strasbourg ? Si la grogne est grande, qui
prendra le risque d’effondrer la coalition, de provoquer des élections
législatives anticipées ? L’Allemagne aborde donc la campagne des
européennes divisée, fragilisée, la colère sourde traversant l’ensemble des
partis et le plus important les
Allemands. Pour le Président français, l’affaissement constant de la
chancelière qui est un renvoi d’éclairage sur son propre état et au lendemain d’une
tournée sans relief dans le camp dit de Visegrad, l’hiver s’annonce rigoureux
et long. Peut-être que le plus grand service que la chancelière pourrait rendre
à la cause des progressistes serait de partir…..
Les Grünes grappillent lestement
et promptement les suffrages des déçus de la GroKo apparaissant comme une
solution de rechange pour le cas où de nouvelles consultations nationales
interviendraient. D’ailleurs leur succès est vu, désormais par Emmanuel Macron,
comme un danger possible si les Verts se
mettaient à copier leurs homologues rhénans.
Ce soir, l’Allemagne politiquement
n’est plus le pôle stable, certains diront même plus un pôle.
Où que nous portions le
regard sur l’ensemble de l’Union européenne, les fissures, les crevasses sont
les nouveaux reliefs.
Les élections européennes,
chaque semaine passant, s’annoncent de plus en plus explosives avec des « progressistes »
sans ordre, des souverainistes non ligués, et ici et là de nouveaux partis
populistes qui surgissent, le dernier en date en Espagne, Vox dont le premier
rassemblement à Madrid a réuni plus de 15000 personnes…
Une République en marche qui
tourbillonne, une GroKo devenue écueil, le duo franco-allemand est-il de Charybde
en Sylla ?
Jean Vinatier
Seriatim 2018