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vendredi 5 octobre 2018

De l’Elysée à Sainte-Anne ? N°4539 12e année


Le départ d’un ministre d’Etat à la tête d’un département aussi vital que celui de l’Intérieur n’est jamais anodin. Ce geste politique dans toute son acceptation éclaire forcément une situation réelle. Le propos d’adieu de Gérard Collomb face à un Edouard Philippe figé était celui d’un avertissement : la France allait droit vers un « face à face » explosif, les « banlieues », un mot qui englobe autant une ville entourant une métropole que les différentes populations vivant sur le sol français, pouvant s’émanciper des forces de police et de surveillance. L’ex-ministre de l’Intérieur prenant ses jambes à son cou détale en direction de Lyon laissant un Chef de l’Etat dénoncé dont l’ordre ne porte plus.
Ce n’est pas la courte escapade à Colombey-les-deux Eglises qui changera quoi que ce soit. Qu’y fit-il rien, que pouvait-il dire rien et c’est pour cela qu’il ne voulut  pas résister à faire la leçon à quatre dames retraitées. Qui a prise sur Emmanuel Macron ? Pas même son épouse qui d’après Valeurs actuelles lui aurait réservé une scène furieuse : a-t-elle les bagages sur le pas de la porte ?
La France est entrée dans une crise politique inédite en ce sens que pour la première fois dans l’histoire de la Ve République, c’est le Chef de l’Etat par ses d’attitudes, ses comportements psychologiques, son caractère hystérique, désormais public,  qui cause un problème de poids dans la poursuite des affaires de l’Etat. Il est assez inouï que le poste de ministre de l’Intérieur resta vacant, l’intérim n’y palliant que très partiellement et pour peu de temps, plusieurs jours alors même que nous vivons proches de menaces lourdes ! Le gouvernement Edouard Philippe ne s’effondre pas sur lui-même parce que les ministres de droite passés à La République en marche tiennent le gouvernail (Philippe, Darmanin, Le Maire), une attitude qui fait que Les Républicains se montrent moins virulents que d’autres. Par calcul Laurent Wauquiez escompterait qu’à la faveur d’une répétition de faux-pas et maladresses, la gauche ne pouvant pas ressurgir, Les Républicains pourraient relever le gant tel un recours sans trop de heurts, les différences avec Emmanuel Macron étant très réduites. Mais quand la vie politique commence à se dérégler, à perdre de l’équilibre, les calculs et arrière-pensées sont souvent balayés par la colère populaire.
Faisant mine de ne rien voir ni regarder, la France commence une période politique dont les contours ont du mystère et des aspects bien acérés. L’ère est dangereuse. Il faut l’écrire et le répéter.

Jean Vinatier
Seriatim 2018

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