Cyrille Lachèvre de L’Opinion dans son édito de ce matin parle de
« Jean-Luc Mélenchon et de ses
sicaires »1, ignorant que ce mot signifie tueur à gages. Jean-Luc
Mélenchon est un lambertiste qui a agi comme tel lors de la double perquisition
la semaine dernière. Tout dans le vocabulaire et la gestuelle oratoire
désignent cette origine. Le chef de La France insoumise est ce qu’il est mais
de là à le réduire à employer des sicaires, il y a là une frontière franchie
inadmissible.
Rien n’obligeait la justice à déployer une telle force pour
perquisitionner : un magistrat qui décide cet acte doit savoir distinguer
une perquisition chez un serial killer ou un trafiquant de drogue avec le
domicile d’un citoyen, élu ou pas auquel on reproche des faits qui ne relèvent pas
de la cour d’assise, du terrorisme. Ce déploiement est donc voulu par un
procureur totalement dépendant statutairement de l’exécutif. C’est donc le
gouvernement qui a voulu marquer les esprits et l’opinion publique en jouant de
cette violence judiciaire. Quelques temps plus tôt, Marine Le Pen l’éprouva en
se soumettant à un examen psychiatrique. Là-aussi, violence d’Etat, de
gouvernement. Quant à l’affaire Fillon qui revient, ô hasard, sur le devant de
la scène, elle a été terrible dans la destruction d’un candidat qui n’était,
certes, pas blanc-bleu et qu’un Marc Ladreit de La Charrière vient de lâcher en
rase campagne. On comprend bien que l’affaire Fillon ricochera sur les
Républicains au moment des européennes.
Nous sommes à quelques mois de ces élections que conduira un Président
de la République déconsidéré, d’un parti La République en marche sans racine,
ni corpus, qui voit les piliers gouvernementaux prendre la poudre
d’escampette : Nicoclas Hulot, Gérard Collomb et demain ou après-demain
Jean-Luc Le Drian.
Emmanuel Macron sait bien qu’il ne peut pas perdre cette élection
européenne quand bien même l’environnement politique ne lui serait guère
favorable : une Angela Merkel affaiblie d’élection en élection hier en
Bavière, demain en Hesse, une Italie apparemment décidée à tenir front à la
Commission européenne sur le plan budgétaire, une grande partie de l’Europe de
l’Est et orientale qui regimbe sur le dossier migratoire, le risque négatif pour
Bruxelles d’un non-accord sur le BREXIT en mars 2019. En fait il n’y a plus
d’axe franco-allemand ni même de colonne vertébrale dans l’Union européenne. Le
progressisme que cherche à inscrire Emmanuel Macron pour pourfendre les
nationalistes est pour l’heure une bulle de savon. A ce climat s’ajoute le
résultat à venir des élections américaines. Une victoire de Donald Trump aura
des conséquences en Europe sachant l’appui qu’il accorde à certaines formations
populistes.
La seule arme dont dispose Emmanuel Macron est double celle de la
police et de la justice. Il croit habile d’asséner aux différents opposants jusqu’aux
élections de mai 2019 une kyrielle d’actions judiciaires devant les décrédibiliser. L’exécutif sait bien qu’il
n’amènera pas vers lui les électeurs de Mélenchon, de Le Penn pas même ceux des
Républicains, il escompte ainsi jouer de l’arme abstentionniste :
dégoûtant des pans entiers de citoyens qui resteraient abattus et écœurés chez
eux, n’iraient voter que les partisans de La République en Marche. Peu
importerait le degré d’abstention, serait mise en avant la seule première place
d’Emmanuel Macron.
Reste à savoir si les seules actions judiciaires suffiront à taire les
débats lors des élections européennes ?
En tout cas, la présidence macron joue la violence et feint de s’indigner
de celle qu’elle provoque au risque d’allumer le baril de poudre…..A suivre.
Source :
Jean Vinatier
Seriatim 2018
1 commentaire:
Excellent commentaire, comme toujours, tu es très brillant ! Ce qui est très, tr"s inquiétant, c'est la connivence des journalistes qui tous accablent Melenchon
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