« Deux élections, au Brésil et en Allemagne (Hesse, région de
Francfort), deux résultats attendus certes, mais qui laissent les observateurs
inquiets. Que réservent les chapitres à venir du nouveau monde qui
s’installe ? Dans les deux cas, pour le jeune Brésil (28 ans de moyenne
d’âge) comme pour la vieille Allemagne (42 ans de moyenne d’âge), les partis
historiques n’ont plus la faveur des électeurs – taraudés peut-être par le
sentiment que dans le monde devenu néolibéral le pouvoir n’est plus dans la
main des politiques qui gouvernaient jusque-là. Ou que leurs recettes ne leur conviennent
plus. C’est donc l’incertitude qui règne. Laissons le nouveau président
brésilien, Jair Bolsonaro, élu avec plus de 55% des suffrages, mettre en place
son gouvernement, ce qui permettra d’éclairer un programme qu’il a pris soin de
ne pas préciser, privilégiant un discours d’ordre. Nous y reviendrons.
Mais ce sont les annonces d’Angela Merkel – retrait de la tête de son
parti, les démocrates chrétiens de la CDU, qu’elle dirige depuis 18 ans et de
la vie politique à l’issue de son mandat en 2021 - qui retiennent l’attention
de la presse partout, dans le monde occidental comme en Asie : lorsque la
chancelière est arrivée au pouvoir en 2005, Jacques Chirac gouvernait la
France, George Bush fils les Etats-Unis, Tony Blair la Grande-Bretagne, Hu
Jintao la Chine, Jun’ichiro Koizumi le Japon - et Vladimir Poutine la Russie.
C’est bien une page d’histoire qui se tourne.
Parce que se lève « le spectre d’une désintégration de l’Union
européenne comme l’illustre le Brexit et la controverse en cours sur le budget
italien » relève ainsi l’agence chinoise Xinhua (1). Même tonalité au Guardian
britannique, sous la plume de Simon Tisdall : « La fin de l’ère
Merkel pourrait avoir de graves conséquences pour le futur et la cohésion de
l’Europe et de l’Union européenne. Le moment ne pourrait être pire, quand la
fragmentation et la polarisation politique prennent la dimension d’une épidémie ».
Et, ajoute-t-il, alors que qu’en l’absence de résultats et en raison de son
comportement personnel l’aura d’Emmanuel Macron s’éteint, « la
Grande-Bretagne, alliée traditionnelle de Berlin, est devenue un boulet,
essentiellement préoccupée du processus d’un Brexit mutuellement dommageable
qui constitue un précédent inquiétant dans l’UE » (2). Ailleurs
encore, en prenant acte de l’annonce de la chancelière, on s’interroge sur sa
« perte de crédibilité à l’international, en Europe notamment, au
moment où l’Union européenne traverse une crise » (le Devoir
canadien). Ou l’on commence à spéculer sur ses successeur possibles à l’aune
« des tensions dans son propre parti et avec les partenaires de sa
coalition » (le New York Times). Tensions dont Angela Merkel a
pris acte après les résultats des élections en Hesse qui ont confirmé ceux de
Bavière : transfert de voix entre les socio-démocrates (SPD) et les Verts,
lourde chute de la CDU, droitisation des votes. Un vent qui souffle sur toute
l’Europe. Mais, a-t-elle estimé dès lundi, « il n’est plus possible de
faire comme si rien ne s’était passé (…). Il est temps d’ouvrir un nouveau
chapitre ».
La suite ci-dessous :
Jean Vinatier
Seriatim 2018
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