L’itinérance mémorielle d’Emmanuel Macron fut un mélange d’hommages aux morts, de
carburant et d’écoute sociale où ne paraissait plus le fameux « coup de
pompe présidentiel » devait connaître son apothéose les 10 et 11 novembre
lors des cérémonies autour du centenaire de l’armistice de 1918 avec pour point
d’orgue d’installation d’un forum du multilatéralisme situé dans une halle de la
Villette au nord de Paris presque en périphérie.
Il n’est pas donné à beaucoup de savoir tenir une ligne, de s’y tenir,
de garder une hauteur, le temps pour le peuple de bien lire le message adressé.
Emmanuel Macron ne tint pas vingt-quatre heures et d’un coup se mêlant des
questions d’essence, de conflits sociaux descendit de son piédestal pour
écouter des problèmes domestiques lesquels en toute logique, dans ce moment
particulier, revenaient de droit aux ministres. L’itinérance fut celle d’un
théâtre ambulant de champ en champ, trimbalant en peu de tout, offrant une
tournée pour attirer le chaland et trébuchant sur le cas Pétain. Emmanuel
Macron répondait à un Français que le maréchal Pétain avait été un grand soldat
avant de commettre l’irréparable, déclenchant un tir de batterie qui lui fit tourner
casaque en moins de deux heures. Dans un autre moment, il évoqua l’armée
européenne afin de se défendre contre la Russie qui sauva l’Europe en 1914 et
en 1942, la Chine qui ne nous envahie jamais et les Etats-Unis, oubliant que
nous étions dans l’OTAN jusqu’au cou ! En fait d’armistice, Emmanuel
Macron rallumait la flamme belliqueuse sous couvert de promouvoir un multilateralisme qu’il opposerait, dit-il, au nationalisme l’exact opposé, selon lui du
patriotisme : à quoi peut ressembler une patrie sans nation ? A moins qu’il regarde une nation dans son
sens ancien, de la nation au sein d’un
empire ou d’une souveraineté globale qui cohabite avec d’autres sans se
confondre ?
Ce multilateralisme revendiqué du Président oublie de rappeler que ceux qui
le mirent sur orbite sont des globalistes ou mondialistes : dans leur univers
où est donc le multilateralisme? Se faire l’avocat du mulilateralisme pour
dénoncer le Brexit et l’élection de Donald Trump alors même que ne sont admis
aucune critique est un exercice mené par Emmanuel Macron dans un parfait
cynisme doublé d’un mensonge. Si Hillary Clinton avait vaincu Donald Trump, on
verrait le successeur de François Hollande répercuter au mot près tout propos
de la Maison Blanche !
Il ressort de cette semaine que l’armistice célébré n’est qu’un
intermède dans un processus que personne ne maitrise, que le forum installé n’est
en rien un parallèle avec les traités de 1919/1920, bien éloigné de toute
société des nations, de toute société même. Chacun est pressé de rentrer chez
soi. Il y a de part et d’autre, il est vrai bien des somnambules. Entre un
globalisme nécessairement dangereux car il ferait fi des différences et une
démondialisation toute aussi redoutée, est le trou noir de l’équilibre que nul
se sait plus dessiner..
Ces commémorations sous la pluie avaient tout de l’incertitude, d’une
impuissance, d’une fatalité. Ne parla-t-on pas plus du multéralisme que de paix ?
Combien de tués ce jour au Yémen ?
Jean Vinatier
Seriatim 2018
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