Je n’étais ni un intime, ni un ami pas même une connaissance de
Florence Malraux, seulement un voisin, celui du second. On ne trouvera donc pas
dans les lignes à venir de témoignages pas plus de petites histoires
croustillantes.
Avec la disparition de la fille d’André et Clara Malraux, laquelle vécut
au 191 rue de l’Université c’est toute une page historique de vie passée dans
cet immeuble, bâtiment B, qui a vu Jack Lang et sa fille Caroline, Jeanne
Moreau (bâtiment A), Alain Resnais, le grand timide qui ne s’extasia et dit un
mot que le jour où il me vit avec mes petites chattes, Finette et Mouche, et
bien sûr tous les visiteurs, Sabine Azéma, Fanny Ardant, toutes les deux
délicieuses, Jorge Semprun visiteur assidu de Florence (il était au 191) après
sa séparation avec le réalisateur d’Hiroshima mon amour, et dont le regard bleu
me saisissait. A ce mouvement s’ajoutait la facétie de Florence Malraux ainsi
taquina-t-elle son élégante amie Françoise Sagan qui peinait à atteindre
l’ascenseur à mi- étage. Ses départs précipités quand une Jaguar l’attendait au
bas de l’immeuble d’où dépassait la fumée d’un cigare que je supposais être
celui de Josée Dayan ou bien les arrivées toutes aussi vives quand elle garait
sa Smart. Florence Malraux flottait par-dessus le macadam, distraite (plusieurs
fois je fermais sa porte qu’elle laissait largement entrebâillée), timide elle
ne n’épanchait guère mais sut me dire la beauté de ma mère avant que toutes les
deux n’entrent en maladie. Malheureusement, quelques années plus tard,
raccompagnant ma mère d’un rendez-vous médical, je la soutenais dans sa marche
difficile appréhendant de rencontrer une personne dans l’escalier quand, s’ouvrit
la porte de l’ascenseur, apparut, alors Florence Malraux en pyjama, assise sur
une chaise aidée par trois femmes dont une mère et sa fille, elles se
croisèrent sans se reconnaître : tragédie !
Sans revenir, ni sur
l’intéressante famille Malraux, ni sur ses parents, sa mère, Clara, qu’elle
promenait, ni même sa carrière, les spécialistes s’en chargeront, le voisin
discret mais attentif que j’étais retiendra de Florence Malraux la femme,
discrète, intelligente, vive, généreuse aussi. Au terme d’une longue et
douloureuse maladie jusqu’au bout, et je la comprends, elle tint à demeurer
dans son charmant appartement du 4e. Elle s’y éteignit le 31 octobre
2018 à 85 ans. Reposez en paix, Madame.
Jean Vinatier
Seriatim 2018
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