« Malgré l’impression d’une présidence imprévisible, Donald Trump
entreprend avec détermination la déstabilisation du multilatéralisme, afin de
le rendre inefficace, démontre brillamment Régine Perron. L’auteure présente la
tactique employée, son travail de sape à l’intérieur de l’ONU, de l’OMC, du FMI
et de la Banque Mondiale. Sa stratégie vise à gripper leurs rouages par des
mesures ciblées.
LORSQUE le républicain Donald Trump prend ses
fonctions de président des Etats-Unis en janvier 2017, ses discours de campagne
précédents laissent entendre qu’il allait pratique une forme d’isolationnisme,
en retirant le pays de plusieurs institutions multilatérales, aussi bien
internationales que régionales, ainsi que de certains accords internationaux.
Son souhait est de marquer le repli des Etats-Unis des affaires extérieures, et
de redonner la priorité aux Américains. Après presque deux ans de présidence
américaine (janvier 2017-octobre 2018), nous pouvons tenter de dresser un
premier bilan de ses actions au niveau du système multilatéral. Favorise-t-il
le déclin de ce système international ? Assiste-t-on à une redéfinition
des relations internationales entre le pôle dominant, que sont les Etats-Unis
depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et le monde entier ?
Avant de tenter de répondre à ces questions, il est
utile de préciser tout d’abord ce qu’est le multilatéralisme (I). Ensuite, nous
nous interrogerons sur les contours, les objectifs de la politique de Donald
Trump (II). Enfin, nous étudierons ses réalisations concrètes au niveau du
multilatéralisme (III).
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A presque mi-mandat de la présidence américaine de Donald Trump (janvier
2017-octobre 2018), nous pouvons esquisser un tableau de ses actions concrètes
au niveau du multilatéralisme, qu’il ne porte pas dans son cœur, en mettant en
lumière la tactique employée. Aussi bien au niveau de l’ONU que de
l’OMC, du FMI et de la Banque Mondiale, un travail de sape est mené à
l’intérieur même de ces institutions. Plutôt que de retirer brutalement les
Etats-Unis de ces institutions qui sont les piliers du multilatéralisme, au
risque de causer des dommages au pays lui-même, la stratégie de Trump vise à
gripper leurs rouages par des mesures ciblées. Une volonté de déstabiliser
progressivement les institutions internationales est réelle, et se traduit par
le refus de renouveler les postes-clés à l’OMC, au FMI et à la Banque Mondiale.
A l’ONU, cela se traduit par une volonté de réduire progressivement la
participation financière des Etats-Unis, et peut-être celle des autres pays
membres dans le cadre d’une réforme. A terme, cette déstabilisation peut conduire
à déconsidérer le travail de ces institutions, et à conduire les pays membres à
s’en détourner. Par ailleurs, Donald Trump retire les Etats-Unis exclusivement
des institutions multilatérales relevant du bien-être, car cela n’a pas de
conséquences au niveau du pays lui-même. Goûtant peu le libre-échange, ce
dernier cherche à annuler ce type d’accord commercial avec les partenaires
extérieurs. Malgré l’impression d’un président imprévisible, Donald Trump
entreprend avec détermination la déstabilisation du multilatéralisme, afin de
le rendre inefficace.
Aux yeux de ce président américain, il ne s’agit plus de pratiquer une
politique conservatrice datant de la Guerre froide, mais de concilier les
fondamentaux du parti républicain des années 1920 avec les atouts de la
puissance américaine de 1945. Ainsi, il redéfinit les relations internationales
à sa façon, pour des échanges bilatéraux avec l’extérieur. Il rend obsolète non
pas l’OTAN, comme il l’avait considérée pendant sa campagne présidentielle,
mais l’alliance atlantique elle-même, alors conçue avec les alliés des
Etats-Unis. L’enjeu est la liberté d’action retrouvée pour s’occuper de la
prospérité et de la grandeur de l’Amérique, sans intervention de quelque
sorte au niveau des affaires diplomatiques, économiques et sociales. Cette
politique de souveraineté, sécurité et prospérité des Etats-Unis portera-t-elle
ses fruits à l’issue du mandat présidentiel de Trump en 2020 ? »
La suite ci-dessous :
Jean Vinatier
Seriatim 2018
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