« Le Vice-Premier Ministre italien Matteo Salvini vient de se déclarer
leader de l’avenir de l’Europe. Il refuse de bouger d’un pouce dans les
négociations avec l’Union européenne sur le budget de l’Italie et il menace
maintenant de renverser le gouvernement. En disant
implicitement cela, il ne parle pas seulement pour les Italiens, il parle pour
cette partie croissante de la population européenne qui voit en quoi l’UE est
en train de se transformer et recule devant l’horreur de la chose.
Les protestations contre la nouvelle taxe sur le diesel dans la France
d’Emmanuel Macron sont devenues violentes. Les dirigeants britanniques ont
complètement trahi leur peuple dans leurs négociations sur le Brexit. Ils
gagneront peut-être cette bataille mais l’animosité du peuple à leur encontre
ne fera que se renforcer avec le temps.
Alors que les dirigeants en France et en Allemagne perdent en popularité et
ne restent en place que grâce aux querelles politiques internes, Merkel et
Macron ne cessent de durcir leur rhétorique contre le nationalisme en plein
essor que représente Salvini. Les deux s'emploient à promouvoir leur fédération
européenne avant de quitter la scène du pouvoir, dans les prochaines années au
mieux. S'ils perdent leur combat contre Salvini et le Hongrois Viktor Orban,
ils risquent de devoir quitter leurs fonctions à la force des piques et des
torches des violences de la rue.
Bernard Connelly, auteur du livre brillant The Rotten Heart of Europe (à lire
absolument) pose la question essentielle du Brexit à laquelle aucune personne
associée au Projet Fear ne tient à être confrontée.
Si la séparation de l'UE est si compliquée, pourquoi personne ne parlait-il de
blocus et de catastrophe économique avant le référendum sur l'indépendance de
l'Ecosse en 2014 ? La réponse est simple : personne au pouvoir ne
s’attendait à ce que le référendum donne une réponse positive et la question
n’a donc pas été considérée.
Maintenant, revenons à l’Italie. Salvini peut agiter sa menace audacieuse
de faire tomber le gouvernement parce que son parti de la Legacontinue
de monter dans les sondages chaque fois qu’il le fait.
Extrait de Zerohedge.com :
« ...Depuis lors, Salvini a continué de distancer Luigi Di Maio, l’autre
vice-Premier ministre du pays, en tant que symbole politique et public de
l’opposition farouche à l’UE. La Ligade Salvini a atteint 36,2% des
intentions de vote en novembre, ce qui fait le quatrième sondage consécutif
montrant une augmentation, selon une enquête Ipsos du journal Corriere della
Sera. Le Movimento 5-Stelle (M5S), qui s’était imposé comme le
premier parti lors des élections générales de mars, a chuté à 27,7% ce mois-ci,
contre 28,7% en octobre. »
Cette situation place Salvini exactement où il veut être, aux commandes,
orchestrant le spectacle de l’attaque contre Bruxelles dans le cadre de
l’avenir de l’Italie. Mais il ne joue plus seulement pour l’avenir de l’Italie.
Il sait que l’Italie est désormais le porte-drapeau de la résistance face à la
tension particulièrement odieuse de la technocratie européenne.
Salvini a discrètement mis de côté la question de Italeave(Italexit)
lors de la campagne des élections de mars parce que c'était de bonne politique.
Une fois enfonction, lui et Luigi Di Maio, son partenaire du M5S, se sont
engagés à fond dans un paquet de mesures économiques qui à la fois rencontrent
une promesse de campagne et constituent un doigt d’honneur à l’intention de
Merkel. De plus, Salvini a annoncé avec Orban le développement d’une “Ligue des
Ligues” pour prendre d'assaut la Bastille du Parlement européen aux élections
de mai 2019.
Plus il agit dans ce sens, plus il devient populaire.
Plus important encore, plus Di Maio et lui renforcent à leurs engagements,
plus les Italiens voient Bruxelles comme l’ennemi de leur avenir. Et ne vous y
trompez pas, ils suivent de près la façon dont Theresa May la “Dame de Plâtre”
accouche d’un Brexit de cauchemar pour les Britanniques et par conséquent
comment il faut procéder, – au contraire de May, – pour faire face avec
efficacité à la terrible “incertitude” de la rupture avec l’UE.
La menace de Salvini de renverser le gouvernement dont il est actuellement
le chef de file, c’est une déclaration de guerre contre Bruxelles et le reste
de la classe politique italienne qui tenterait de s’opposer à lui dans les
négociations sur le budget et la dette. La Legaest actuellement le
partenaire junior dans le gouvernement italien. Des élections anticipées
pourraient facilement la voir dépasser les 40% et obtenir un mandat populaire
quasiment imbattable pour soutenir son approche conflictuelle de Bruxelles,
tout en forçant ses partenaires 5-Etoiles de la coalition à le suivre.
Il s’agit là d’une tentative d’un coup politique majeur pour Salvini. En
cas de succès, il deviendra le pôle d’attraction des eurosceptiques dans tous
les pays européens qui leur permettra de rompre avec le “merkelisme” et la
consolidation du pouvoir autour de l’Allemagne au sein de l’UE.
Les problèmes d’endettement de l’Italie ne peuvent être résolus dans
l’euro. Salvini comprend cela. Le plus gros obstacle à ses projets est le
peuple italien lui-même. Salvini doit faire comprendre aux Italiens que les
charges et les difficultés à court terme d’une sortie de l’euro sont facilement
justifiées par les avantages à long terme.
J’ignore si Salvini a expliqué, et suffisamment expliqué, cette manœuvre
mais c’est absolument ce qu’il devra faire. C’est, dans l’esprit et selon
n’importe quel composant (euro ou pas euro) la sorte de manœuvre que Theresa
May a refusée, et c’est pourquoi elle a engagé des négociations sur le Brexit
qui ont produit un accord bien pire que la situation dont la Grande-Bretagne
disposait en tant que membre à part entière de l’UE. »
Traduction par Dedefensa
Site de l’auteur
Jean Vinatier
Seriatim 2018
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